Les paiements directs atténuent les fluctuations de revenu des agriculteurs suisses

Berne, 17.01.2014 - Une étude réalisée par l’EPF Zurich montre qu’en comparaison internationale les revenus de la population agricole suisse sont répartis de manière très équilibrée. Grâce à la protection douanière et à des paiements directs relativement élevés, des mesures prises à l’échelon de l’exploitation suffisent à compenser les fluctuations de revenu. Selon les conclusions de l’étude, une garantie du revenu telle qu’elle existe dans l’UE ne vaudrait la peine d’être envisagée qu’en cas d’ouverture plus large des frontières.

Une étude à trois volets de l'EPF Zurich a examiné dans une première partie quelle influence les paiements directs avaient exercée au cours des années 1990 à 2009 sur la répartition des revenus dans l'agriculture suisse. La deuxième partie de l'étude a consisté à observer, dans un panel de secteurs, l'évolution des fluctuations de revenu dans des exploitations agricoles des différentes zones et à évaluer prospectivement les effets d'une garantie de revenu similaire à celle de l'UE. La troisième partie s'est attachée à déterminer l'influence des paiements directs sur les décisions prises à l'échelon de l'exploitation.

Par comparaison avec l'étranger, les revenus agricoles en Suisse sont répartis de manière très équilibrée entre les exploitations (coefficient de Gini Suisse 2009: 0,38; Allemagne: 0,54; Irlande: 0,62; Amérique du Nord: 0,64). On observe cependant que la répartition du revenu agricole est devenue plus inégale entre 1990 et 2009. Dans le même temps toutefois, les exploitations à bas revenu agricole ont été en mesure d'augmenter leur revenu extra-agricole, si bien que la différence au niveau du revenu total n'a finalement que peu changé durant cette période.

L'analyse du revenu des ménages a montré qu'entre 1992 et 2009, les fluctuations de revenu ont diminué dans l'agriculture suisse. Une part élevée de paiements directs et les revenus extra-agricoles réduisent les fluctuations de revenu du fait qu'il s'agit d'apports financiers indépendants de la météorologie et du prix des denrées agricoles sur le marché. De manière générale, plus une exploitation est spécialisée et plus elle est grande, plus le risque de fluctuations négatives du revenu augmente.

Outre les stratégies adoptées à l'échelon de l'exploitation, telles que modes de production adaptés et diversification, les mesures étatiques en vigueur - protection douanière, soutien des prix du marché, contrats-type dans le secteur laitier - sans oublier les paiements directs, contribuent à limiter ces fluctuations. Selon les calculs effectués pour évaluer l'opportunité d'une garantie du revenu sur le modèle UE dans l'agriculture suisse, ce sont surtout les exploitations dont le revenu agricole représente une faible part et le revenu extra-agricole une part élevée des revenus du ménage qui recevraient des paiements compensatoires sur cette base. L'étude parvient à la conclusion que dans les conditions-cadre actuelles de politique agricole, il ne serait pas judicieux d'introduire des instruments étatiques supplémentaires de gestion des risques.

Bien que les paiements directs aient contribué de manière notable à réduire les fluctuations de revenu, ce n'est pas l'utilité première que les agriculteurs leur attribuent. Une enquête qualitative menée auprès de vulgarisateurs agricoles dans le cadre du troisième volet de l'étude a mis en évidence que la majorité des chefs d'exploitation étaient axés prioritairement sur la production. Ces chefs d'exploitation participent uniquement aux programmes de paiements directs qui cadrent avec leur concept d'exploitation. Ils ne sont motivés que secondairement par la perspective d'une optimisation des paiements directs qu'ils reçoivent. Ceux qui placent au premier plan l'optimisation des paiements directs considèrent les prestations d'intérêt public comme une branche d'exploitation en tant que telle et orientent délibérément leur concept d'exploitation en fonction de ce choix. Cela dit, dans la plupart de ces exploitations, la production joue également un rôle.


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Lukas Barth, Office fédéral de l’agriculture OFAG, Unité de direction Marchés et création de valeur, tél. +41 31 322 27 12



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