Evaluation de la durabilité: base de connaissances pour la future production agricole

Zurich, 21.01.2016 - A l’avenir, les agriculteurs et agricultrices devront pouvoir évaluer la durabilité de leurs exploitations à l’aide d’indicateurs. Lors de la troisième conférence sur la durabilité, Agroscope a présenté les nouveautés méthodologiques en matière d’évaluation de la durabilité dans les exploitations agricoles. Plusieurs exposés sur le thème du lait en Suisse et en Allemagne ont illustré l’évaluation de la durabilité à partir d’applications pratiques.

« Une production alimentaire viable repose sur une évaluation fondée de la durabilité à l’échelle de l’exploitation agricole », a expliqué Paul Steffen, responsable de l’Institut Agroscope des sciences en durabilité agronomique IDU, à l’occasion de la troisième conférence sur la durabilité organisée par Agroscope qui s’est tenue sur le site de Reckenholz à Zurich. Depuis plusieurs années, des instituts de recherche en Suisse travaillent à établir les bases scientifiques nécessaires à l’évaluation de la durabilité des exploitations agricoles. Agroscope, en collaboration avec des experts et expertes externes, développe une série d’indicateurs d’impact quantitatifs pour les domaines de l’environnement, de l’économie et de la société. Les composants pris en compte sont notamment l’efficience des ressources, le climat, la gestion des éléments nutritifs, l’écotoxicité, la biodiversité, la qualité du sol, l’esthétique du paysage, le bien-être animal, l’aspect social et l’aspect économique. Avec les connaissances que l’évaluation permet d’acquérir, les agriculteurs et les agricultrices sont en mesure de faire progresser leur production vers la durabilité.

La collaboration entre les exploitations de plaine et de montagne offre des avantages

En ce qui concerne l’évaluation de la durabilité environnementale, il existe déjà un instrument éprouvé qui est celui de l’analyse de cycle de vie. Dans le cadre du projet européen Cantogether, achevé récemment, la collaboration entre les exploitations de plaine et de montagne en matière d’élevage a été examinée de plus près à l’aide de la méthode SALCA d’analyses de cycle de vie et d’une analyse de rentabilité. « L’élevage sous contrat est un bon exemple qui montre qu’un système de production initialement mis en place pour des raisons économiques peut également avoir des avantages environnementaux », a déclaré Silvia Marton du groupe de recherche Agroscope Analyse de cycle de vie, par rapport à la réussite environnementale et économique de la division du travail dans l’économie laitière.

Dans le cadre de l’élevage sous contrat, les exploitations de plaine vendent en général leurs veaux aux exploitations de montagne qui assument l’élevage. Deux ans plus tard, les animaux sont rachetés par l’exploitation de plaine. Ce système permet à l’exploitation de plaine de concentrer ses ressources sur la production laitière, les herbages de l’exploitation de montagne offrant des conditions optimales pour l’élevage. Cette collaboration interrégionale entre exploitations de plaine et de montagne a affiché une écoefficience plus élevée, par exemple en termes de ressources énergétiques non-renouvelables ou de consommation de potassium et de phosphore. Tandis que ce système a permis à l’exploitation de plaine de réaliser un revenu supérieur, la division du travail s’est traduite par une baisse de la charge de travail dans l’exploitation de montagne, mais aussi par une baisse du revenu. Avant de se décider pour ou contre l’élevage sous contrat, il faut donc tenir compte de la situation sociale de l’exploitation.

Charge de travail – qu’est-ce qui est durable?

L’exposé de Christina Umstätter du groupe de recherche Agroscope Travail, bâtiments et évaluation des systèmes, sur la charge de travail dans les exploitations agricoles portait sur les aspects sociaux de l’évaluation de la durabilité. Selon elle, un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée est positif pour la constitution physique et psychique de l’individu. La charge psychique a cependant tendance à s’accroître. Comme indicateur de la durabilité de la charge de travail, Umstätter propose d’utiliser les quotients des unités de main-d’œuvre effectives et des personnes nécessaires sur l’exploitation.

Enfin, la contribution d’une exploitation agricole à l’existence de paysages riches et variés doit à l’avenir également être prise en compte comme indicateur dans l’évaluation de la durabilité, de même qu’un indice du bien-être animal. Du point de vue économique, il est prévu d’évaluer la durabilité à partir des données comptables.

Indicateurs: efficaces, mesurables, pratiques

Pour permettre une évaluation quantitative des exploitations, les indicateurs recherchés doivent notamment être axés sur les impacts, faciles à mesurer et aisés à appliquer. En vue de créer une série d’indicateurs pour l’évaluation des exploitations de l’agriculture suisse, les instruments existants fournissent déjà une bonne base de départ.

Deux autres instruments d’évaluation de la durabilité ont été présentés lors de la conférence. Il s’agit de RISE et de SMART, qui sont déjà utilisés dans la pratique. RISE, qui signifie Response-Inducing Sustainability Evaluation, est un outil informatique développé à la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL pour évaluer la durabilité des exploitations agricoles sur la base de dix indicateurs. Cette méthode tient compte des aspects écologiques, économiques et sociaux. L’Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL a lui aussi développé un outil d’évaluation de la durabilité des entreprises du secteur agricole et alimentaire. Il s’agit de SMART, Sustainability Monitoring and Assessment RouTine. Il se base sur les directives de durabilité SAFA (Sustainability Assessment of Food and Agriculture Systems) de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture FAO et se compose d’une base de données avec une méthode d’évaluation et d’une série d’indicateurs.

Application dans l’analyse des stratégies d’exploitation

La conférence a montré que beaucoup de résultats avaient déjà été obtenus concernant l’évaluation de la durabilité des exploitations agricoles. Elle indique néanmoins qu’il existe souvent des conflits d’intérêt entre les différentes dimensions de la durabilité, conflits qu’il s’agit de résoudre de manière appropriée. Pour conclure, il faut retenir que les évaluations de durabilité devraient être davantage intégrées dans l’analyse des stratégies d’exploitation.

Méthode d’évaluation de la durabilité avec SALCA

Agroscope développe un système d’évaluation de la durabilité, basé sur l’analyse des cycles de vie et tenant compte des trois aspects de la durabilité, les aspects environnemental, économique et social. Pour la dimension environnementale, c’est la méthode de l’analyse des cycles de vie SALCA (Swiss Agricultural Life Cycle Assessment) qui s’applique. Elle permet une évaluation approfondie et flexible des produits agricoles, des systèmes de production et des denrées alimentaires. La méthode SALCA continue à être développée dans cet esprit pour devenir un outil d’évaluation de la durabilité. Grâce à une révision complète des outils informatiques du projet SALCAfuture, les bases d’une saisie rationnelle et automatisée des paramètres de la durabilité et de leur traitement sont désormais posées.


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Stephan Pfefferli, Responsable de la division de recherche Economie et technolo-gie agricoles
Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique, IDU
Tänikon 1, 8356 Ettenhausen, Suisse
stephan.pfefferli@agroscope.admin.ch
Tél. +41 (0)58 480 32 02

Gérard Gaillard, Responsable du groupe de recherche Analyse de cycle de vie
Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique, IDU
Reckenholzstrasse 191, 8046 Zurich, Suisse
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