Discours devant l’Assemblée fédérale le mercredi 16 septembre 2009

Bern, 16.09.2009 - Ansprache von Bundesrat Pascal Couchepin

Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les membres de l’Assemblée fédérale,

Je voudrais tout d’abord vous remercier, Madame la Présidente, des paroles aimables que vous avez eues à mon égard.

Bien sûr, c’est la tradition de relever dans le discours de la Présidente de l’Assemblée fédérale ce qu’il y a eu de positif dans la carrière d’un Conseiller fédéral démissionnaire.

Mais au-delà de la tradition, j’ai perçu, Madame, dans votre hommage, l’expression de l’amitié réciproque qui a toujours marqué nos relations, même en cas de divergences d’opinion.

Et pour cela en particulier, votre discours suscite ma reconnaissance.

Dans quelques semaines, j’achèverai quarante ans de responsabilité politique ininterrompue à l’exécutif de ma ville natale puis au Conseil fédéral.

En parallèle, j’ai siégé dix-huit ans au Conseil national.

Quarante ans de responsabilités dans un exécutif ne sont possibles que grâce à l’appui fidèle de nombreux amis et collaborateurs.

Je remercie mes concitoyens, femmes et hommes de Martigny et du Valais.

Je remercie le Parlement fédéral pour sa confiance.

Je pense avec reconnaissance aux collaborateurs de l’administration communale et fédérale.

Sans leur compétence, leur fidélité et souvent leur amitié, l’action politique aurait été aride, voire impossible. Oui, Mesdames et Messieurs, l’une des forces de la Suisse est la qualité de son administration.

Permettez-moi de faire deux considérations que je tire de l’observation engagée de la vie politique suisse de ces dernières décennies.

La première se résume à ceci : la Suisse est forte parce qu’elle est consciente de ses faiblesses potentielles.

Nous sommes un pays divers, divers par la situation économico-sociale, par l’Histoire et fondamentalement par les cultures. Aucune solution maximaliste n’est possible en Suisse. Le compromis, après débat, le respect des minorités sont les conditions de la paix civile en Suisse.

Nous le voyons bien par exemple dans la volonté commune de mener une politique agricole qui ouvre des perspectives aux jeunes générations.

Nous le voyons dans le système politique qui équilibre le poids du nombre et l’identité cantonale.
Nous le voyons enfin dans le respect de la majorité linguistique à l’égard des minorités culturelles.

La Suisse est forte parce que tous savent qu’on ne joue pas avec certains équilibres fondamentaux.

La deuxième constatation est qu’il n’y a pas de société dynamique, qu’il n’y a pas de solutions aux problèmes politiques et sociaux sans un minimum de confiance : confiance critique envers les autorités, confiance dans la bonne volonté de ceux qui ne partagent pas notre point de vue, confiance dans l’avenir.

Et pour moi fondamentalement la prochaine votation sur l’assurance invalidité est une réponse à cette question : avons-nous confiance dans notre capacité collective de résoudre un problème dans l’intérêt général ?

L’administration a fait la preuve depuis quelques années que nous étions en mesure de lutter efficacement contre les abus, de faciliter la réintégration et ainsi de réduire le nombre des nouvelles rentes.

Dans un pays qui refuse les solutions brutales, est-on disposé à prendre le risque de la confiance, de donner du temps au temps pour réussir ? C’est l’enjeu de cette votation.

Mesdames et Messieurs,

La période de l’Histoire que nous vivons est plus difficile pour la Suisse.
Nous avons décidé jusqu’à ce jour de n’appartenir à aucune alliance permanente ou communauté d’Etats.

Cet isolement a ses raisons, mais il nous impose aussi plus de rigueur dans la gestion publique, plus de rigueur dans le respect des règles de droit international, plus de dynamisme et de capacité d’innovation dans le domaine économique, dans l’éducation, la science et la recherche.

Enfin, nous devons concilier ces impératifs avec la nécessité de la solidarité sociale sans laquelle la qualité de la vie en société n’existe pas. « Aucun homme n’est une île » dit le poète anglais John Donne dans un poème qui m’est cher.

La tâche de la politique est grande et difficile.

C’est la vôtre, Mesdames et Messieurs les députés.

Et pour la réaliser, vous avez besoin de l’appui bienveillant et critique du peuple suisse.

Au moment où je m’apprête à rentrer dans le rang, c’est dans cet esprit que je vous dis merci et que je vous assure de mon appui, dans la mesure de mes moyens de citoyen ordinaire, pour l’accomplir au mieux.


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