Inauguration du Musée gruérien - Les clés du futur se trouvent (aussi) dans le passé

Bulle, 03.02.2012 - Rede von Bundesrat Alain Berset - Es gilt das gesprochene Wort.

Madame la Conseillère d’Etat,
Monsieur le Syndic,
Madame la Directrice,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

C’est avec grand plaisir que je me retrouve parmi vous ce soir pour inaugurer l’exposition permanente du musée gruérien nouvellement conçue. Et j’aimerais dire aussi que le hasard fait bien les choses puisque mon agenda me permet d’enchaîner aujourd’hui plusieurs événements fribourgeois proches du lieu où j’ai grandi et que je continue d’habiter. Ce n’est donc pas le cœur lourd que j’ai accepté votre invitation. Bien au contraire !
 
Dans ce lieu qui met en relief un patrimoine vivant et une histoire ancestrale, il est opportun de se remémorer que nos racines propres, notre histoire personnelle, forment l’assise qui permet de s’ouvrir au monde et de comprendre les enjeux universels qui le sous-tendent. Les contes de notre enfance, fréquemment ancrés dans un terroir local, véhiculent une sagesse souvent universelle, exprimée de manière plus simple peut-être mais non moins forte que les plus grands traités de philosophie.
 
Vous l’aurez compris, Mesdames et Messieurs, je ne suis pas là par pur sentimentalisme, mais parce que je suis convaincu de la force et de l’impact des origines, qui en étant profondément enracinées permettent justement au regard de prendre de la hauteur.
 
La Suisse, à l’instar de nombreux autres pays, commence tout juste à prendre la pleine mesure de ses traditions, leur extrême richesse et diversité. Pays multiculturel et plurilingue, terre d’accueil depuis des générations, pays globalisé et ouvert sur le monde, il continue à vivre d’une infinité de coutumes locales, qui vont de ses dialectes régionaux à ses célébrations rituelles, du Lyoba à la Bénichon préparée fidèlement chaque automne dans la région. Et ces traditions vivantes, il faut les (re-)découvrir voire même les célébrer, non pas par esprit étroitement nationaliste, mais par fierté, intérêt et curiosité pour ce que nous étions et sommes aujourd’hui.

Mesdames, Messieurs,

La convention de l’UNESCO sur la diversité culturelle et la convention sur le patrimoine immatériel ont été ratifiées par la Suisse. Ce sont là des outils qui permettent de protéger des expressions culturelles que les tendances uniformisantes de la globalisation peuvent mettre en péril. Cependant, et paradoxalement, notre monde globalisé conduit aussi à un renforcement du sentiment d’appartenance régionale et à tous les particularismes que cela peut comporter. La nouvelle exposition permanente du Musée gruérien s’inscrit pleinement dans ce paradoxe puisqu’elle offre un regard sur une région qui, très tôt, a été confronté à une certaine forme de globalisation sous la forme d’une économie axée sur l’exportation tout en maintenant ses traditions. Certains produits, comme le fromage, issus de ces traditions, ont d’ailleurs contribué à une reconnaissance bien au-delà là des frontières gruériennes. A l’aide ce cet exemple, nous voyons très clairement que le progrès économique et les coutumes ancestrales ne s’excluent pas mutuellement.  

Mesdames, Messieurs,

La Confédération a reconnu l’importance de ce patrimoine et ses institutions culturelles se sont donc données pour mission les quatre prochaines années de mettre un accent sur les traditions vivantes en Suisse. L’Office fédéral de la culture et Pro Helvetia, le Musée national et la Bibliothèque nationale, vont s'intéresser de près à ce patrimoine, moins visible que le sont nos châteaux et nos cathédrales, et appelé  à juste titre notre patrimoine immatériel.

Ainsi, un inventaire au niveau national de toutes les traditions qui existent en Suisse est en phase de réalisation.  En étroite collaboration d’ailleurs avec les cantons, une collaboration que je tiens tout spécialement à saluer. 

Madame Chassot, nous aurons certainement l'occasion d'en discuter plus longuement dans les mois à venir!

Cet inventaire, Madame Raboud-Schüle le connaît aussi très bien, puisqu’elle est chargée de projet pour le canton de Fribourg. Fribourg possède, par sa position géographique entre deux régions linguistiques, à mi- chemin entre la ville et la campagne, une densité toute particulière de coutumes et de traditions originales et je me réjouis que bon nombre d’entre elles aient été retenues par les experts du projet fédéral.

De manière intéressante et peut-être aussi surprenante, cet inventaire suscite un vrai enthousiasme auprès du public. Il est en effet étonnant de constater que le sujet a été immédiatement répercutés dans les médias électroniques, sur les blogs et plateformes web plutôt destinés aux jeunes. Mais cela démontre sans aucun doute que le thème suscite de l'intérêt et répond à une certaine attente.

Pour conclure, j’aimerais encore relever une qualité propre à ce patrimoine particulier que sont les traditions: par nature vivantes et mouvantes, elles ne peuvent être immortalisées dans une mise en scène qui les figerait une fois pour toutes. C'est donc un défi tout particulier que relève un musée en les exposant, et chaque scénographie, en les présentant, va également les réinventer. Mais pour l’heure, découvrons les multiples facettes des coutumes gruériennes et la nouvelle scénographie qui les met en scène!

Je tiens à féliciter tous ceux et toutes celles qui ont contribué à relever ce défi, et je vous souhaite, Mesdames et Messieurs, une très belle soirée.


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