La coccinelle asiatique s'installe à la Côte

Berne, 17.08.2007 - La coccinelle asiatique (Harmonia axyridis) introduite comme agent de lutte biologique dans les serres dans plusieurs pays d'Europe dès le début des années 80 se répand dans la nature depuis quelques années. Outre qu'elle entre en concurrence directe avec les espèces indigènes, elle peut dans certaines conditions se réfugier dans les grappes de raisin avant les vendanges et occasionner des faux goûts au vin. Lors d'un contrôle d'essai réalisé par la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, une importante population de cette espèce a été détectée dans un champ de maïs de la Côte.

La coccinelle asiatique, originaire de l'est de la Chine a été introduite, du fait de sa voracité, dans la lutte biologique contre les pucerons dans les cultures sous abri dès le début du 20ème siècle en Amérique du Nord et à partir de 1980 en Europe. L'espèce a commencé à se répandre hors des serres en 1988 aux USA et en 2002  en Europe (Belgique). Actuellement la coccinelle asiatique s'est implantée dans la nature dans la plupart des états des USA et des pays d'Europe du Nord (Grande Bretagne, Pays Bas, Belgique, Allemagne, moitié nord de la France). En Suisse, bien que son introduction n'ait jamais été autorisée, une prospection menée  en 2005 et 2006 a montré que l'espèce était présente dans tout le nord du pays, principalement sur des feuillus dans des zones urbaines.

Lors d'un contrôle d'essais de lutte biologique contre la pyrale du maïs dans une parcelle de maïs située sur la commune de Bursins (VD) une importante population de cette espèce a été découverte au début d'août. Une autre population a également été trouvée dans une parcelle de tournesols de la station de Changins. Ces deux trouvailles montrent que l'espèce est apparemment déjà bien implantée dans la région de La Côte.

Cette grande coccinelle, de 5 à 8 mm de long, se présente sous des couleurs et des motifs extrêmement variables. Les élytres peuvent être orange à rouge avec 0 à 19 points noirs ou bien noires avec 2 ou 4 taches rouges. Le thorax est clair avec des marques noires qui prennent le plus souvent la forme d'un "M" caractéristique.

La coccinelle asiatique se nourrit essentiellement de pucerons et son grand appétit en fait un agent de lutte biologique particulièrement performant. Le revers de la médaille est que lorsqu'elle vient à manquer de pucerons elle s'attaque également aux œufs et larves  des espèces de coccinelles indigènes qu'elle tend à supplanter. En automne les coccinelles asiatiques s'agrègent en masse et migrent vers des endroits sombres et abrités pour y passer l'hiver. Il n'est pas rare qu'à cette occasion elles pénètrent dans les maisons et causent des nuisances aux habitants. Parmi les lieux d'agrégation figurent aussi aux USA, les grappes de raisin dont les baies présentent des lésions. Lorsque les coccinelles sont pressées avec la vendange, elles peuvent occasionner un faux goût au vin. La menace que ce type de comportement puisse se reproduire à La Côte où la vigne côtoie souvent le maïs ne peut pas être exclue.

C'est la première fois en Europe qu'un insecte auxiliaire utilisé dans la lutte biologique se transforme en organisme potentiellement nuisible pour l'agriculture. Ce cas souligne l'importance d'une évaluation des risques approfondie, tant d'un point de vue écologique qu'agronomique, avant l'introduction d'organismes exotiques comme agent de lutte biologique.

Jacques Derron, Stève Breitenmoser, Agroscope ACW


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