Journée de la formation professionnelle

Baden, 26.10.2009 - Doris Leuthard, Conseillère fédérale | Allocution

Mesdames, Messieurs,

Je me réjouis de fêter en votre compagnie cette journée de la formation professionnelle. Une telle cérémonie n’a rien d’évident dans la situation économique actuelle. Or cette conférence nous donne l’occasion d’attirer votre attention sur trois faits :

  1. L’intégration des jeunes dans le marché du travail est déterminante. La formation professionnelle propose toute une palette d’offres et, de concert avec les entreprises, des places d’apprentissage correspondantes. En temps de crise tout particulièrement, il importe que ces offres de formation soient maintenues.
  2. La formation est un élément clé pour la place économique suisse. Sans formation professionnelle, point de cadres orientés vers la pratique.
  3. La Suisse fait dans l’excellence ! Au Mondial des métiers de Calgary, la délégation suisse a de nouveau brillé : 7 médailles d’or, 2 d’argent, 5 de bronze et 16 diplômes. Aussi la Suisse est-elle la deuxième meilleure nation au plan mondial et la première en Europe !

Et il y a de bonnes raisons à cela :

  • La nouvelle loi sur la formation professionnelle, entrée en vigueur en 2002, a abouti à la modernisation du domaine. Entretemps, 72 formations sanctionnées par le certificat fédéral de capacité ont déjà été réformées. De nombreux profils professionnels ont également été créés. Et je me réjouis tout particulièrement que nous puissions proposer 23 formations professionnelles initiales de deux ans requérant des exigences moindres et que nous en compteront 42 d’ici à 2012.
  • Ces dernières années, nous avons engagé d’importantes mesures pour stabiliser le marché des places d’apprentissage. Malgré la crise, il est resté stable avec ses 87 000 places offertes. Actuellement, tous les cantons disposent de divers instruments appropriés dans les domaines de la promotion des places d’apprentissage, de l’encadrement et du mentoring, ainsi que du case management « Formation professionnelle ». De la sorte, nous pourrons augmenter le taux de diplômés au degré secondaire II de 90 % à 95 %.
  • L’apprentissage tout au long de la vie est entré dans les faits. La formation professionnelle supérieure, situé au degré tertiaire, propose un large éventail d’offres de formations préparant à l’exercice de fonctions de cadres et de spécialistes. Nous disposons aussi aujourd’hui des bases nous permettant de prendre en compte les acquis. Cet instrument contribue notamment à tirer le meilleur parti du potentiel dont font preuve les personnes qui reprennent une activité professionnelle après une pause.

Une évolution dynamique : les enjeux de la formation professionnelle

Je sais que la formation professionnelle ne reçoit pas seulement des compliments et qu’elle fait aussi l’objet de critiques. Je sais aussi que les formateurs sont tenus de s’adapter constamment aux développements les plus récents. Mais il serait à mon avis tout à fait exagéré de vouloir remettre en cause tout notre système de formation professionnelle, comme certains milieux académiques le préconisent. Les prestations des jeunes au Mondial des métiers à Calgary et dans les entreprises, l’engagement de leurs parents durant l’apprentissage, la grande motivation des entreprises à former eux-mêmes leur main d’œuvre qualifiée, sont autant de démentis aux allégations des détracteurs. Quiconque, du haut de sa tour d’ivoire, qualifie la formation professionnelle duale de « modèle périmé » méconnaît les réalités du système.

Quiconque dénigre le savoir-faire des artisans et veut résoudre cette question dans les murs des universités par l’augmentation du taux de bacheliers, se méprend sur les besoins des entreprises. Avons-nous vraiment besoin d’universitaires pour assister nos malades ou réparer nos voitures ? Je suis sûre que non. L’essentiel ne réside pas dans le titre porté, mais dans le savoir-faire, la qualité de la formation et la motivation de la jeunesse. Les jeunes doivent être convaincus par leur profession et maîtriser leur domaine d’activités. Car la formation professionnelle est l’un des éléments constitutifs de notre société et de notre économie. Qui donc fonde la plupart des entreprises dans notre pays ? En premier lieu, les personnes qualifiées ayant continué à se former après leur apprentissage et voulant réaliser quelque chose !

Naturellement, nous devons nous préparer aux évolutions et aux tendances à venir.

  • L’évolution démographique, de même qu’une forme d’académisation, va engendrer des problèmes considérables. D’une part, compte tenu des classes d’âge à faible natalité, nous disposerons jusqu’en 2018 de 12 % de jeunes en moins en fin de scolarité. D’autre part, je constate une évolution malsaine caractérisée par l’augmentation du taux de bacheliers. Cela occasionnera à son tour une sélection plus sévère au niveau des places d’apprentissage ; les jeunes rencontrant des difficultés scolaires seront alors les grands perdants de cette évolution.
  • Ces dernières années, l’économie a vécu une mutation sans précédent. Le développement technologique a pesé de tout son poids sur la formation professionnelle. De nouvelles professions, notamment dans les technologies de l’information et dans la santé, ont été créées. Ce matin, lors de la Conférence sur les places d’apprentissage, nous avons notamment décidé que des projets pilotes devront être mis en place dès 2011 pour la nouvelle formation professionnelle initiale de deux ans « aide en soins et accompagnement ». De la sorte, des professions reconnues au niveau fédéral seront créées dans un segment où les exigences posées à la formation sont moindres, là où jusqu’il y a peu les personnes concernées étaient formées « sur le tas » ou « à la carte ». Dans différents domaines, nous devrons adapter les contenus de formation aux développements technologiques.
  • Un autre défi permanent pour notre formation professionnelle est constitué par les nouveaux marchés, dont celui de l’environnement. L’OCDE investit dans les emplois verts. L’avenir appartient aux technologies propres. Le ministère fédéral de l’environnement à Berlin table sur une croissance mondiale annuelle de 15 à 30 % dans ce domaine. Il me semble donc important que le savoir sur l’environnement, les ressources et l’énergie soit transmis de manière plus intensive, afin d’assurer une sensibilisation suffisante dans ce domaine. Si nous échouons sur ce point, la Suisse manquera de spécialistes et restera à l’écart des nouveaux marchés.
  • L’internationalisation accélérée implique une plus grande mobilité des travailleurs. La formation professionnelle dispensée en Suisse court le danger  surtout dans le domaine de la formation professionnelle supérieure  de ne pas être reconnue à sa juste valeur sur le plan international. Il me tient à cœur de renforcer la formation professionnelle supérieure. Je tiens à ce que ces spécialistes sont reconnus au même titre que les diplômés des hautes écoles.
  • Se battre sur le terrain des voies de formation ne rime à rien. Il convient bien plutôt d’optimiser les divers canaux de formation. Nous avons besoin d’un système offrant des possibilités de développement aussi bien aux élèves surdouées qu’aux jeunes rencontrant des difficultés scolaires. Nous devons créer une interface optimale avec le marché du travail et disposer d’une formation professionnelle supérieure attrayante à un prix raisonnable. Ce n’est qu’ainsi que chacun pourra choisir sa voie personnelle. Ce n’est qu’ainsi que les entreprises disposeront, à l’avenir également, de professionnels qualifiés formés de manière adéquate à tous les échelons.

Préparons ensemble la moisson des lauriers de demain

Mesdames, Messieurs, je suis consciente que malgré l’efficacité de notre système certains jeunes ne trouvent actuellement pas de place de travail après leur apprentissage. C’est là que la conjoncture actuelle se fait le plus sentir. Je mets tout en œuvre pour créer les meilleures conditions possibles aux entreprises afin qu’elles puissent à nouveau remplir leurs carnets de commande dans les meilleurs délais. Pour celles et ceux qui restent néanmoins sans emploi, je recommande de profiter de ce temps pour suivre une formation continue. Après quelques tergiversations, le Parlement a débloqué des montants pour octroyer des aides financières en ce sens. De la sorte, vous investissez dans l’avenir et vous améliorez vos chances sur le marché du travail.

Nous devons fournir des efforts tout particuliers si nous voulons rester dans le peloton de tête. D’autres États rattrapent leur retard. Un pays qui, comme l’Inde, est capable de produire une automobile à 1700 euros, dispose aussi de main d’œuvre qualifiée. Une nation qui, comme la Chine, affiche durablement un taux de croissance élevé, ne construit pas sa prospérité uniquement sur le dos des travailleurs itinérants, mais a besoin de travailleurs qualifiés.

Pour l’heure, nous sommes encore parmi les meilleurs. Alors engageons-nous résolument ensemble pour la cause de la formation professionnelle. Montrons aux jeunes tout ce que nous pouvons atteindre, convainquons les milieux académiques de la qualité de notre jeunesse et de notre formation professionnelle. Avec vos performances de haut niveau tant sur le plan national qu’international, vous êtes mes meilleurs ambassadeurs !


Seule la version orale fait foi !


Auteur

Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche
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