Arboriculture durable pour la Bulgarie

Wädenswil, 15.04.2010 - Convertir l'arboriculture en Bulgarie en une méthode de production durable, telle a été la contribution des spécialistes en entomologie de la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW. Au centre des débats se trouvait le carpocapse qui, en Bulgarie, était largement devenu résistant aux produits phytosanitaires traditionnels en raison de l'utilisation intensive d'insecticides. Grâce à des moyens de lutte innovants et respectueux de l'environnement, les spécialistes d’ACW ont avec les scientifiques bulgares réussi à obtenir de bons résultats. Les quantités d'insecticides utilisées ont ainsi pu être réduites de façon déterminante et l'apparition de nouvelles résistances évitée. Ce projet a été financé par le Fonds national suisse.

1990 - L'économie planifiée socialiste des pays de l'Est s'était effondrée. La privatisation et la transition à de nouvelles formes de production de l'arboriculture traditionnellement importante ne se faisait cependant que lentement et sans grande coordination. Cela conduisait en Bulgarie entre autres à l'utilisation toujours plus importante de produits phytosanitaires. Les ravageurs développaient finalement une résistance contre ces produits.

Cela se produisait tout particulièrement chez le carpocapse, un papillon apparemment inoffensif, dont la chenille est le plus grand ravageur de pommiers. Les nouveaux moyens de lutte, agissant de façon ciblée et ménageant les auxiliaires, tels qu'ils sont répandus en Suisse, n'étaient  pas homologués en Bulgarie et personne n'avait encore d'expérience avec leur utilisation.

"C'est ainsi que nous ont demandé nos collègues bulgares, si nous pouvions apporter nos connaissances quant à la transition à une arboriculture durable" explique Jörg Samietz, chercheur entomologiste et chef du groupe Zoologie à la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW.

Transfert de connaissances à avantage réciproque

Un projet commun SCOPES (voir ci-dessous) d'ACW et de l'Institut bulgare Fruitgrowing à Plovdiv devait finalement mener au succès. Les experts d'ACW ont tout d'abord déterminé dans les laboratoires suisses à quel point le carpocapse bulgare avait développé une résistance contre les produits phytosanitaires chimiques. Entre 2006 et 2009, l'efficacité de méthodes alternatives a été testée dans plus de cinquante essais en milieu réel, dans diverses plantations fruitières de Bulgarie, tout en observant scrupuleusement les populations de carpocapses. Les expériences ont été planifiées et évaluées en commun; les chercheurs bulgares les ont suivies sur place avec compétence. Le moment propice pour la mise en place des nouveaux moyens de lutte a par contre été décidé par les spécialistes d'ACW avec le système de pronostics SOPRA (www.sopra.info). Grâce à cet engagement, le pronostic du carpocapse a dans le même temps pu être adapté pour une nouvelle zone climatique.

Technique de confusion et  virus spécifique au ravageur

Les premiers essais en Bulgarie montrèrent que, dans des plantations fruitières suffisamment grandes, la technique de confusion aux phéromones (voir ci-dessous) obtient d'excellents résultats. Lorsque les populations sont en grand nombre, une autre méthode de lutte biologique peut de plus être utilisée : un virus spécifique au ravageur qui rend les larves malades et dont elles meurent. Cette méthode biologique est supplée par l'utilisation ciblée de régulateurs de croissance; substances qui pénètrent dans le métabolisme hormonal des parasites et les déciment, tout en préservant les auxiliaires. Les meilleurs résultats sont obtenus, lorsque cette méthode alternative est utilisée exactement au moment ou le ravageur est dans une phase de développement sensible à cette méthode. Ces moments ont pu être prédits grâce au pronostic d'ACW, adapté aux conditions locales.

Ce printemps, les connaissances acquises vont finalement être mises en application. Jörg Samietz d'Agroscope Changins-Wädenswil en est certain : "Les méthodes sûres et durables vont s'imposer. Les résultats sont convaincants."

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Programme SCOPES

Le Fonds national suisse (FNS) et la Direction suisse du développement et de la coopération (DDC) supportent ensemble l'instrument de promotion SCOPES (Scientific co-operation between Eastern Europe and Switzerland). Ce programme renforce la coopération scientifique entre les groupes de recherche et institutions de Suisse et des pays d'Europe de l'Est. Il vise à soutenir les projets innovants sur des questions bien spécifiques. La Bulgarie a aussi pu participer au programme SCOPES avant son entrée dans l'Union européenne.

Technique de confusion

Les femelles du carpocapse émettent une odeur spécifique pour attirer les mâles en période de reproduction. Si l'on répartit ces phéromones de façon homogène avec un évaporateur spécial dans une plantation fruitière, les mâles ne peuvent alors plus s'orienter à l'odeur des femelles. Ces dernières restent non-fécondées et aucune larve ne sort donc plus des oeufs pondus. Les pommes sont ainsi préservées des chenilles du carpocapse.


Adresse pour l'envoi de questions

Jörg Samietz
Dr. rer. nat.
Chef du groupe Zoologie
Station de recherche Agroscope
Changins-Wädenswil ACW
CH-8820 Wädenswil
+41 44 783 61 93
+41 44 783 64 34
joerg.samietz@acw.admin.ch

Carole Enz
Service médias
Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW
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