Les avantages économiques des cultures OGM sont variables

Zurich, 16.05.2011 - En mettant en place des cultures génétiquement modifiées, il faut éviter tout mélange avec les cultures conventionnelles. Or, les mesures de protection correspondantes entraînent des coûts. Comment ceux-ci se répercutent-ils sur la rentabilité? C’est ce que la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART a calculé à partir de l’exemple de cinq grandes cultures génétiquement modifiées. Les avantages économiques par rapport aux cultures conventionnelles sont variables.

Jusqu'à fin 2013, la Suisse est soumise au moratoire sur le génie génétique, qui interdit la culture des plantes génétiquement modifiée (PGM). Si à l'échéance du moratoire, des grandes cultures GM sont mises en place, il faudra veiller à empêcher tout mélange avec les cultures conventionnelles. C'est le but des mesures dites de coexistence, comme la définition de distances de sécurité entre les parcelles cultivées et la sécurisation du transport de la récolte. Ces mesures entraînent des surcoûts qui n'existent pas dans les cultures conventionnelles.

Comment les coûts de coexistence se répercutent-ils sur la rentabilité des cultures de PGM? C'est la question que la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART a traitée dans une étude sur cinq grandes cultures génétiquement modifiées. Selon les calculs, les coûts supplémentaires de la coexistence se situent entre 73 et 1023 francs par hectare suivant la culture et les conditions de mise en place. Cela représente entre 1 à 20 pourcent du total des coûts de production.

Les cultures résistantes aux herbicides rapportent plus
Les surcoûts sont compensés par de meilleurs rendements et par des économies (p. ex. sur les produits phytosanitaires) grâce aux PGM. Dans le calcul des coûts et profits, les cultures résistantes aux herbicides obtiennent de meilleurs résultats que les variantes conventionnelles correspondantes: elles rapportent 158 francs (maïs), 559 francs (colza), respectivement 640 francs (betteraves sucrières) en plus par hectare. Par contre, le maïs-grains résistant aux insectes et le blé résistant aux moisissures obtiennent des résultats inférieurs (-209, resp. -86 francs).

Culture rentable uniquement dans certaines conditions
La rentabilité d'une culture GM ne dépend pas uniquement de la grande culture choisie, mais d'un grand nombre d'autres facteurs. Parmi ceux-ci, on compte la taille et la structure de l'exploitation, ainsi que les prescriptions légales. Par exemple, plus la distance prescrite par rapport aux parcelles voisines exploitées de manière conventionnelle est grande, plus les coûts de coexistence sont élevés. L'étude prend en compte trois scénarios différents: favorable (exploitation de grande surface, peu de directives), défavorable (petite exploitation, directives contraignantes) et moyen. Le scénario moyen part d'une taille d'exploitation moyenne de 25 hectares et de directives modérément contraignantes. Il a été utilisé pour le calcul de la rentabilité.

Les résultats permettent de conclure que la rentabilité serait un facteur relativement limité d'incitation à la culture des PGM. Dans le scénario moyen, la fourchette de bénéfices entre les cultures conventionnelles et les cultures PGM représente entre -4% et +8% du total des coûts de production. En cas de directives plus contraignantes, la culture ne serait plus rentable. La décision d'une exploitation en faveur de la culture des PGM dépendra donc sans doute avant tout d'autres facteurs, par exemple de la décision des exploitations voisines, des convictions personnelles et de l'acceptation des PGM par les consommatrices et les consommateurs.

 

L'étude ART a évalué neuf mesures de coexistence: planification de la mise en place, distance de sécurité, bandes tampons, échantillonnage de la récolte, récolte, sécurisation du transport, distance de transport, mesures après la récolte et assurances pour la mise en place de grandes cultures génétiquement modifiées.

L'étude a été effectuée dans le cadre du Programme national de recherche 59 „Utilité et risques de la dissémination des plantes génétiquement modifiées (PGM)". Les résultats ont été compilés dans le rapport „Wirtschaftlichkeit gentechnisch veränderter Ackerkulturen in der Schweiz" (Rentabilité des grandes cultures génétiquement modifiées en Suisse), qui peut être consulté sous www.agroscope.ch.

 


Adresse pour l'envoi de questions

Gregor Albisser Vögeli, Economie d’entreprise
Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, 8356 Ettenhausen
Courriel: gregor.albisser@art.admin.ch, tél. 052 368 34 71

Claudia Hoffmann, Service de presse
Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Reckenholzstrasse 191, 8046 Zurich
Courriel: claudia.hoffmann@art.admin.ch, tél. 079 763 70 36



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