6e journée SWISSMEM de l'industrie - Un potentiel pour la Suisse : universalité et partenariat

Berne, 21.06.2012 - Zurich, 21 juin 2012 - Discours du Conseiller fédéral Didier Burkhalter - Seul le texte prononcé fait foi

Monsieur le Ministre,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,

Que ce soit en Suisse, en Europe ou ailleurs dans le monde, nous sommes tous à la croisée des chemins. Lequel allons-nous prendre ? Dans quel environnement vivrons-nous demain, quels seront nos sources d'énergie, notre nourriture et notre accès à l'eau ? L’ONU prévoit qu’il y aura largement plus de huit milliards d'êtres humains sur terre en 2050 : comment ferons-nous ? Comment relèverons-nous tous ces défis ? En revanche, quel potentiel cela nous ouvre-t-il ? Quelle forme de gouvernance globale rendra plus sûr ce monde qui semble tourbillonner, se transformer toujours plus vite, et menace de perdre toute stabilité ?

La Suisse a son mot à dire dans le choix des réponses à apporter à toutes ces questions fondamentales. Elle a un rôle spécifique et utile à jouer avec assurance, qui s'ancre dans ses propres forces. Un rôle qui poursuit un double but général : sauvegarder ses intérêts et promouvoir ses valeurs.

Cela nous impose de développer et d’entretenir nos partenariats stratégiques, tout en faisant preuve d'universalité. Nous devons rester sur les voies qui nous ont si bien réussi, et consolider nos forces.

C’est pourquoi le Conseil fédéral a préparé pour la Suisse une claire stratégie de politique extérieure, en prise directe sur le monde, qu’il a adoptée en début d'année. Elle comporte trois volets :

  • un but général qui donne le ton ;
  • des principes de mise en œuvre ;
  • quatre axes stratégiques complétés d’une mission.

L’objectif général est tout simple : sauvegarder nos intérêts et promouvoir nos valeurs.

Dans ce monde d'incertitudes et d'instabilité croissantes, Mesdames et Messieurs, nos intérêts et nos valeurs sont des points fixes, car ils s’ancrent dans notre Constitution fédérale. Elle prévoit en effet que la politique extérieure du pays doit assurer l’indépendance, la sécurité et la prospérité de la Suisse. Outre ces intérêts, elle énumère des valeurs à promouvoir :

- la lutte contre la pauvreté ;
- les droits de l'homme ;
- la démocratie ;
- la paix ;
- l'environnement.

Ces intérêts, ces valeurs et ces objectifs forment le cadre sûr et stable de notre politique extérieure nationale.

Ce cadre est sous-tendu par quatre principes porteurs, qui conservent leur validité quelles que soient les contingences politiques du jour. Les trois premiers sont bien connus, ce sont l'État de droit, l'universalité et la neutralité. Viennent s’y ajouter la solidarité et la responsabilité.

L'État de droit va de soi dans nos frontières. Mais c'est aussi l'un des axes de notre politique extérieure. La Suisse n’a pas un poids suffisant pour imposer ses vues : elle a donc intérêt à ce que le droit prime la force sur la scène internationale.

L'universalité est indispensable aujourd'hui. La Suisse veut entretenir de bonnes relations avec un maximum de pays, car elle doit impérativement disposer d’un ample réseau de relations pour défendre ses intérêts. Ce qui ne l'empêche pas, bien au contraire, de fixer de claires priorités. Le récent enlèvement d’une Suissesse au Mali en donne un bon exemple : si l'affaire a pu se résoudre, c'est bien parce que la Suisse a depuis longtemps une intense présence au Mali, que son réseau y est très développé sur place, et qu'elle y inspire une grande confiance. Tout cela a joué un rôle déterminant.

La neutralité est une composante traditionnelle de notre politique extérieure. En droit international, elle nous impose surtout de nous tenir à l'écart de tout conflit opposant d'autres pays. Mais politiquement, elle montre que nous ne faisons partie d’aucune alliance, que nous sommes indépendants, objectifs, impartiaux, et que nous portons notre propre appréciation sur les situations. Cette neutralité est en outre authentique : au Moyen-Orient, par exemple, la Suisse pourrait être appelée à intervenir davantage encore en médiateur honnête. Elle joue déjà un rôle très particulier auprès de l'Iran en y représentant les intérêts américains – ce qui veut dire qu’elle devient par la même occasion un précieux canal de dialogue entre les deux pays dans les moments délicats. Elle pourrait de même proposer ses bons offices auprès de la Syrie ; elle serait prête à organiser une conférence internationale à Genève.

Le quatrième principe, ai-je dit, c’est la solidarité. La « politique à double face » de neutralité-solidarité voulue par le Conseiller fédéral Max Petitpierre n’a rien perdu de son actualité. Elle signifie que nous n’observons pas les bras ballants ce qui se passe autour de nous, mais prenons notre part de responsabilité dans le devenir du monde auquel nous appartenons. Ce qui explique les efforts que nous déployons par exemple à propos de la Syrie ou du Myanmar.

En fait, plutôt que d’évoquer le binôme neutralité-solidarité, il vaudrait mieux parler aujourd'hui du trinôme neutralité, solidarité et responsabilité. Car la responsabilité, notre cinquième principe, qui figure au cœur de la tradition libérale de la Suisse, est étroitement liée aussi à la solidarité. La Suisse possède des atouts dans certains domaines ; son devoir est donc de contribuer à la résolution des problèmes globaux. Nous avons bien sûr tout intérêt à ce que le monde autour de nous soit paisible et sûr, à ce que les droits de l'homme soient partout respectés, et à ce que chacun trouve une vie satisfaisante dans son propre pays. Telle est la recette de la croissance universelle.

La défense de nos valeurs sert aussi les intérêts du secteur privé, qui doit assumer sa part de responsabilités dans le respect des droits de l’homme et des normes sociales. Beaucoup d'entreprises en ont d’ailleurs pris conscience et le font. J’en prendrai pour illustration le « Pacte mondial » de l'ONU, qui rassemble quelque 8 700 d’entre elles ; pour celles qui esquivent leurs responsabilités et ne respectent pas leurs obligations, c'est l'exclusion l'année suivante.

L'actualité nous montre à quel point il est essentiel que le public et le privé exercent une responsabilité commune dans l’extraction des matières premières. La liberté d'entreprise et les impératifs d'exploitation doivent être compatibles avec les droits de l'homme et du travailleur. Ce ne sont d’ailleurs pas des impératifs contradictoires, comme le reconnaissent les entreprises qui visent à la durabilité. Le Conseil fédéral, lui, doit préserver la réputation du pays. Il a donc chargé un groupe de travail interdépartemental de procéder à une analyse des possibilités et des risques, puis de lui soumettre les actions envisageables.

Vous le voyez, Mesdames et Messieurs, tous ces principes servent les intérêts de la Suisse, et donc ceux d'une saine économie nationale. Ils nous ouvrent aussi de nouvelles possibilités, tout en offrant des solutions aux problèmes du monde.

Le troisième volet de la stratégie de politique extérieure du Conseil fédéral comporte quatre axes stratégiques.

Le premier, ce sont nos voisins. Nous devons prendre particulièrement soin de nos relations transfrontalières et œuvrer à une résolution rapide des différends. Nous sommes déjà parvenus, par exemple, à régler avec la France le contentieux sur l'aéroport de Bâle-Mulhouse, et à préserver ainsi des centaines d'emplois dans des entreprises suisses de la région bâloise. Nous avons récemment aussi amélioré nos relations avec l'Italie ; le rapprochement progresse, et reste une priorité du Conseil fédéral. Un autre exemple serait l'impôt libératoire négocié avec l'Autriche, l'Allemagne et le Royaume-Uni : la Suisse a offert dans ce contexte des possibilités et des solutions appréciées.

Deuxième axe : l'aménagement et l'approfondissement de nos rapports avec l'Union européenne, d'une façon qui sauvegarde notre marge de manœuvre politique et nos intérêts économiques. Nous voulons développer et renouveler la voie bilatérale.

Vendredi dernier, le Conseil fédéral a fait un grand pas dans cette direction en adoptant un mandat de négociation sur les questions institutionnelles avec l'Union européenne. Il en va de l'avenir de la Suisse dans le grand marché intérieur, du dynamisme de notre économie, de la défense de nos valeurs.

La Suisse a soumis à l'Union européenne des propositions concrètes, qui respectent les institutions et la souveraineté des deux parties, et répondent pleinement aux inquiétudes exprimées par le Conseil européen en 2010. C’est dans ces termes francs et pragmatiques que nous entendons discuter et négocier avec l'UE. Première réaction, toute fraîche d’hier : l'UE prend acte des propositions suisses, et les étudiera soigneusement.

Il y est notamment question des mécanismes de développement bilatéral, de contrôle et d'interprétation des accords, ainsi que de règlement des contentieux. La reprise du droit de l’UE par la Suisse sera « dynamique », mais non pas « automatique ». La surveillance des accords sera indépendante des gouvernements, mais non pas supranationale.

Le troisième axe stratégique est la poursuite et l'adaptation de l'engagement de la Suisse en faveur de la stabilité en Europe, dans les régions limitrophes et dans le reste du monde, surtout dans les États fragilisés.

Il faut mentionner dans ce contexte le crédit quadriennal 2013-2016 de financement de la coopération internationale et de la coopération au développement, qu'examine actuellement le Parlement. Au prix d’un franc par personne et par jour, il donne à la Suisse les moyens de défendre ses intérêts et de promouvoir ses valeurs partout dans le monde.

Notre quatrième axe stratégique est le renforcement et la diversification de nos partenariats stratégiques, ainsi que notre engagement sur des thèmes globaux.

Mesdames et Messieurs,

Ce quatrième axe stratégique du Conseil fédéral est une réponse aux nouveaux rapports de forces qui se mettent en place dans le monde. L’axe atlantique perd de son hégémonie : la zone Asie-Pacifique se développe avec beaucoup de dynamisme. Elle capitalise déjà la moitié de la croissance économique mondiale et un tiers de la création de richesse. D’autres États tels que les pays du Golfe, le Brésil, et l’Afrique du Sud gagnent eux aussi en importance, économique et politique.

La Suisse réagit à cette nouvelle donne, elle renforce ses relations avec ces régions du monde et ces pays, notamment avec les pays du G20.  Dans le cadre de cette stratégie, elle fait un pas important cette année en devenant membre du Sommet Asie-Europe, l’ASEM.

L’ASEM est un lieu de rencontre d’importance stratégique qui rassemble au plus haut niveau les représentants des pays d’Asie et d’Europe, une zone qui couvre 60 % du commerce et de la population du monde.

Il est intéressant de noter que ce sont les pays asiatiques – unanimes – qui ont soutenu la candidature de la Suisse.

Cette adhésion de la Suisse – ensemble avec la Norvège – sera effective en novembre ; elle reflète l’image très positive de notre pays et de ses valeurs en dehors de l’Europe alors que chez nos voisins nous avons un travail d’information et d’image à mener.

Notre système de formation, nos centres de recherche, la capacité d’innovation et le dynamisme de nos entreprises, notre capacité à créer des emplois, à produire de la valeur ajoutée et à maîtriser nos dépenses publiques, la stabilité de notre système politique et la prévisibilité de l’évolution du droit sont des qualités remarquées. Parfois en contraste avec ce qui se passe ailleurs en Europe.

La Suisse a des particularités et des atouts. Indépendante, elle peut développer des relations avec ces pays, des relations qui ne sont pas celles des membres de l’Union européenne.

La Suisse doit s’orienter activement en fonction de la nouvelle donne. Nous voulons, d’une part, développer et diversifier nos relations bilatérales politiques et économiques avec des partenaires stratégiques importants et, d’autre part, renforcer notre engagement au niveau multilatéral.

Les mots clés ici sont universalité et partenariats stratégiques.

La stratégie suisse en matière de politique économique extérieure vise à renforcer et à diversifier la position économique de la Suisse. Dans ce contexte, le Conseil fédéral poursuit trois priorités claires:

  • renforcer la compétitivité de la Suisse ;
  • contribuer au développement de cadres multilatéraux favorisant les échanges ;
  • développer nos relations économiques bilatérales en Europe et dans le reste du monde, en particulier par des accords de libre-échange.

La Suisse est un des pays les plus « globalisés » du monde. Elle en tire de nombreux avantages. L’ouverture de notre économie est, on l’a vu au cours des dernières années, un avantage majeur pour notre croissance et notre bien-être économique. Il y a lieu de renforcer encore ce potentiel.

Cette situation nous donne aussi des responsabilités et des devoirs à l’égard du monde. On attend de nous responsabilité et solidarité. Parce que c’est notre devoir et notre dignité de promouvoir nos valeurs, mais aussi parce que c’est notre intérêt. Pour que la position de la Suisse dans le monde, en soi enviable, soit acceptée et comprise, elle ne doit pas être perçue comme étant égoïste.

En agissant ainsi, en alliant responsabilité et solidarité, universalité et partenariats, notre pays peut continuer à tirer intelligemment son épingle du jeu, à occuper une place particulière.

De plus, de par son indépendance de tout groupement de pays et de toute alliance, la Suisse a besoin d’entretenir plus que d’autres son réseau, d’être présente dans le monde, notamment par le réseau extérieur de la Confédération, elle doit aussi construire de cas en cas des alliances avec des pays « like-minded ».

Nous devons concrètement être présents sur les plans bilatéral et multilatéral.

Au plan multilatéral, une participation active de la Suisse dans les principaux forums et groupes de travail internationaux est essentielle. Car les décisions prises peuvent concerner ensuite directement notre pays.

Ce n’est pas le cas seulement à l’ONU où la Suisse a, en dix ans d’activité, gagné beaucoup de respect pour ses compétences et son sérieux, son engagement cohérent, solidaire et responsable. Nous entrons cette année dans la deuxième décennie de notre participation, décennie qui sera marquée par deux priorités : la réforme de la gouvernance du système mondial et l’amélioration de la sécurité. Ce sont des thèmes essentiels. Car un petit pays doit avoir lui aussi toute sa place dans le système de gouvernance mondiale. Quant à la sécurité, elle est essentielle aussi bien pour les habitants de notre planète – et les Suisses qui y voyagent beaucoup – que pour les entreprises – qui ont besoin de sécurité pour prospérer.

Il y a aussi le G20. Depuis la fin 2008, le G20 s’est positionné comme un forum déterminant pour les questions financières et économiques au niveau mondial. La Suisse n’en fait pas partie, mais le Conseil fédéral s’engage pour que les intérêts et les priorités de notre pays puissent aussi se faire entendre dans cette enceinte, notamment en soignant ses contacts avec les présidences et les membres du G20 [j’en parlais il y a deux heures encore avec le ministre britannique des Affaires européennes David Lidington et nous aurons l’occasion de nous en entretenir tout à l’heure avec le ministre Davis].

En ce qui concerne nos partenariats bilatéraux, nous veillons d’une part à approfondir ceux qui existent déjà. Et nous prêtons une attention particulière à nos voisins avec qui nous avions trop de problèmes de voisinage qui ont duré trop longtemps. Des problèmes qui, comme la question fiscale, peuvent prendre rapidement des proportions européennes, voire mondiales, au vu du rôle de plusieurs de nos voisins.

Il ne faut pas oublier que trois voisins de la Suisse sont membres du G20 et du G8 ainsi que membres influents de l’Union européenne.

Nous soignons aussi nos relations avec l’UE : la Suisse et l’Union européenne sont étroitement liées, tant au plan économique que politique, culturel et social.
L’UE demeure le principal partenaire commercial de la Suisse et la Suisse est le 3e partenaire commercial de l’UE, derrière les USA et la Chine. Nos relations avec l’UE revêtent une importance fondamentale pour notre bien-être, voilà pourquoi le Conseil fédéral veut poursuivre et moderniser la voie bilatérale, comme il l’a souligné la semaine dernière.

Cependant, les événements des derniers mois – l’instabilité économique et financière de l’Union et de certains de ses membres et ses effets directs sur la Suisse notamment en terme de cherté du franc – [ces événements] soulignent l’importance pour notre pays de continuer à développer des contacts et des marchés avec d’autres partenaires – d’être présents sur des marchés émergents [et émergés].

Les accords de libre échange ont un rôle central : ils permettent d’ouvrir de nouveaux marchés et de créer des conditions-cadre favorables pour un développement du commerce à moyen et long terme.

Voilà comment la Suisse se bat. Mais ce chemin n’est pas « pavé de roses » : c’est même parfois un chemin de haute montagne, raide et entouré de précipices. L’accès aux marchés est parfois devenu difficile dans un contexte de repli protectionniste. 

Parallèlement, au plan multilatéral, face à certaines « tendances lourdes » les possibilités pour la Suisse d'exercer son influence sur les décisions économiques internationales et en faveur d’une vision libérale du commerce ne rencontrent pas toujours les soutiens espérés.

Mais nous devons continuer à nous battre en faveur de cette vision libérale, car les tendances évoluent, mais les faits demeurent. Et le fait que l’ouverture des marchés est favorable à tous est incontestable, comme on a pu le voir en particulier en Asie du Sud-Est, où des dizaines de millions de personnes sont passées du statut de pauvreté à celui de classe moyenne ces dernières décennies. Même si tout n’est pas parfait, leur horizon s’est éclairci et leur qualité de vie notablement améliorée. La pauvreté a régressé dans de nombreux pays en développement, la mortalité infantile a baissé fortement et l’espérance de vie a augmenté, même dans des pays particulièrement pauvres, la scolarisation des enfants est désormais à 75 % en Afrique et à 90 % en Asie. Cette évolution est possible partout dans le monde.

La Suisse continuera de se positionner comme un champion de l’ouverture et de l’universalité et à rechercher des partenariats.
Des stratégies de politique économique extérieure ont été élaborées pour des pays comme le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine mais encore la Turquie, l’Indonésie, les États du Conseil de coopération du Golfe, le Mexique et bien sûr un géant en croissance du continent africain : l’Afrique du Sud.

Et maintenant, Monsieur le Ministre, j’aimerais évoquer l’exemple des relations entre la Suisse et l’Afrique du Sud, votre pays. Elles profitent aux deux parties. L'Afrique du Sud est le plus gros partenaire économique de la Suisse sur le continent africain ; plus d'une centaine d'entreprises suisses ont une antenne ou une usine chez vous, ce qui représente quelque 36 000 emplois. Et en 2008, la Suisse s’y classait au cinquième rang des investisseurs directs, avec 8,9 milliards de francs environ.

Le Swiss Business Hub South Africa a ouvert au mois de mai 2007. Avec la SwissCham, il offre à la Suisse une base solide de promotion de ses intérêts économiques dans cette puissance économique émergente.

La coopération scientifique avec votre pays nous paraît aussi très prometteuse. Nous avons examiné et signé il y a un an exactement une déclaration commune avec votre ministre de la Science et de l'Éducation. La Suisse est en effet l'un des pays les plus avancés au monde en ce qui concerne l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation. Elle a donc un rôle très important à jouer. Avec ses partenaires, elle peut créer davantage d'emplois, promouvoir une meilleure éducation, découvrir de nouvelles solutions à de nombreux problèmes dans des domaines comme l'eau, la nourriture, l'énergie ou les questions sociales. Sans oublier des secteurs comme la santé – par exemple la lutte contre le paludisme. Telle est notre conception de la solidarité et de notre responsabilité.

Je vous remercie, Monsieur le Ministre, de votre présence parmi nous aujourd'hui, et de vos propos aussi aimables qu’inspirants.


Mesdames et Messieurs,

Pour tirer parti de son potentiel, la Suisse doit absolument conserver une compétitivité de pointe dans le monde. L'éducation et la recherche comptent énormément à ce niveau.

Le Conseil fédéral est convaincu que la capacité d'innovation reste la clé de notre réussite, comme elle l’est depuis longtemps. Il se propose donc d’étoffer la diplomatie scientifique et les coopérations en matière d'éducation. La recherche et l'innovation sont des atouts précieux, dont nous pouvons nous servir avec succès.

Dans ce contexte, il est essentiel pour la recherche et l'innovation suisses, et donc pour l'économie nationale, que nous participions à la mise en place de l'espace européen de la recherche. La Suisse s’acquitte admirablement de cette tâche : nos hautes écoles figurent dans cinq des six grands projets présélectionnés des initiatives emblématiques Future and Emerging Technologies (FET) ; dans deux d’entre elles, elles sont même coordinatrices.

Dans ce domaine, nous devons d'une façon générale nous adapter à notre époque et saisir les occasions qu’elle nous offre, par exemple dans l'éducation en ligne. Il est de nos jours techniquement possible pour une personne d'assister par l'Internet depuis un point quelconque du globe à un cours magistral donné en Suisse. C'est un potentiel considérable. Pour l'exploiter, nous avons seulement besoin de nouer les partenariats nécessaires.

Ce qui nous montre que la Suisse se montre également responsable et solidaire dans le secteur de l'éducation et de la recherche, tout en explorant de nouveaux potentiels et de nouveaux débouchés, et en offrant au monde de nouvelles solutions.


Mesdames et Messieurs,

Je voudrais encore évoquer le réseau extérieur de la Suisse : il apporte une contribution notable à la défense de nos intérêts et à la promotion de nos valeurs – la fonction essentielle de notre politique extérieure.

Nos consulats, ambassades et postes Swissnex appuient et assistent nos compatriotes et nos entreprises à l'étranger en cas d'urgence ou de crise. Telle est la grande mission définie dans la stratégie.

Je voudrais évoquer deux nouvelles ressources : tout d'abord la Helpline DFAE, dont disposent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 en particulier les Suisses de l'étranger. Et ensuite le nouveau système d'enregistrement en ligne, qui sera introduit cette année à la Direction consulaire, et permettra aux voyageurs qui le souhaitent de communiquer leurs coordonnées au DFAE avant leur départ, ce qui facilite et accélère ensuite l'intervention en cas de besoin.

Mais les forces vives du réseau, ce sont bien entendu les personnes qui y travaillent et assurent à pied d'œuvre son fonctionnement et son développement. C'est surtout à leur dévouement que la Suisse doit de posséder un aussi bon réseau. Mais c'est une entreprise de longue haleine. C'est pourquoi nous devons absolument continuer à investir dans la formation de nouveaux collaborateurs et le maintien de cette infrastructure.


Mesdames et Messieurs,

Ce sont là les éléments clés de la stratégie de politique étrangère du Conseil fédéral. J’aimerais conclure sur un exemple qui en dit long : la semaine dernière, nous avons eu le privilège d’accueillir la députée birmane et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi. Son pays, le Myanmar, se dirige aujourd’hui vers la démocratie. En entamant sa tournée européenne à Genève et à Berne, la lauréate du prix Nobel de la paix a fait briller notre pays et notre démocratie d’un éclat particulier aux yeux du monde entier.

Cet événement souligne une fois de plus l’importance que revêt la Genève internationale pour la Suisse. Elle projette une image positive de notre pays tout autour de la planète. Cette aura, nous la devons à nos valeurs, à notre attachement à les vivre et à les faire vivre. L’ensemble de notre pays en bénéficie.

Le Myanmar possède un énorme potentiel économique. Mais il connaît aussi de graves problèmes. C’est pourquoi le Conseil fédéral a décidé de lever les sanctions dans une très large mesure et de porter le budget des programmes de coopération de 7 à 25 millions de francs par an pour les quatre prochaines années. Dans moins de cinq mois, nous ouvrirons en outre à Rangoun une ambassade qui nous offrira un important point d’accès sur place.

Nous avons par ailleurs l’intention de créer des ambassades « intégrées ». Cela signifie que notre future ambassade au Myanmar disposera d’un budget et d’une structure uniques, que ce soit pour les activités diplomatiques, la promotion des relations économiques ou la coopération au développement.

Le travail des enfants et le chômage des jeunes constituent des problèmes majeurs, nous a expliqué Aung San Suu Kyi. Mais dans ce domaine, précisément, il existe un potentiel à exploiter et la Suisse peut avoir un rôle à jouer. Nous possédons un système éducatif dual que beaucoup admirent et un grand savoir-faire. Ne pourrions-nous pas exporter ces atouts au Myanmar ? Je propose de trouver un arrangement entre la Confédération et des entreprises suisses. La Confédération lancerait des initiatives sur place et piloterait des projets dans le domaine de l’éducation. De l’autre côté, nos entreprises qui investissent au Myanmar pourraient former des apprentis, comme cela se fait en Suisse.

La Suisse pourrait ainsi s’ouvrir de nouveaux débouchés et sauvegarder ses intérêts sur place. Mais elle ferait également acte de responsabilité et de solidarité dans un domaine où elle dispose d’un savoir-faire important et incontesté. Elle apporterait son savoir et sa spécificité et pourrait également promouvoir ses valeurs.

Une telle solution donnerait corps aux principes qui sous-tendent notre politique extérieure : elle nous permettrait de sauvegarder nos intérêts et de promouvoir nos valeurs d’une manière typiquement suisse, en conjuguant responsabilité et solidarité.

Je vous remercie de votre attention.


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