10ème anniversaire de l’Université de la Suisse italienne - Dies academicus

Lugano, 13.05.2006 - Discorso del Consigliere federale Pascal Couchepin - Fa stato la versione orale

Monsieur le Président,
Mesdames les Conseillères d’Etat,
Messieurs les Conseillers d’Etat,
Mesdames et Messieurs les Députés aux Chambres fédérales,
Mesdames et Messieurs les Députés au Grand Conseil,
Messieurs les Recteurs,
Mesdames et Messieurs les Professeurs,
Chers assistants et étudiants,
Mesdames et Messieurs, chers amis,

Nous fêtons aujourd’hui les 10 premières années d’existence de l’Université de la Suisse italienne. C’est pour moi un honneur et un plaisir d’être parmi vous.

Au départ, certains doutaient de ce projet d’université tessinoise. Ces mêmes personnes doivent aujourd’hui être admiratives face à cette réalisation exemplaire.

L’entrée de l’USI dans le paysage suisse des hautes écoles est un succès sur le plan académique, économique et culturel.

Son développement a permis de réaffirmer l’importance de la langue et de la culture italiennes dans notre pays. La promotion de la formation universitaire en Suisse italienne est essentielle pour la défense de l’Italianité.

L’histoire de l’USI est bien sûr liée à l’engagement déterminé de feu le conseiller d’Etat Giuseppe Buffi qui nous a quitté beaucoup trop tôt et à qui je tiens à rendre un hommage tout particulier aujourd’hui.

Elle doit beaucoup aussi à son premier président, le professeur Marco Baggiolini.

Timonier chevronné, il a su tenir la barre du « voilier USI » et guider son équipage avec détermination, diplomatie et sagesse.

Je salue également le professeur Piero Martinoli, son successeur à la présidence. Il saura, j’en suis sûr, tenir le cap et mener l’USI vers de nouveaux succès !

Comme vient de l’exposer le professeur Baggiolini, les résultats atteints par l’USI en dix ans en font une université pionnière en Suisse.

Ces résultats ont été obtenus dans une période durant laquelle le monde de la formation et de la recherche s’est profondément transformé, en Europe et en Suisse.

L’USI a démarré ses activités peu avant la Déclaration de la Sorbonne en 1998 et celle de Bologne en 1999.

Dès 2000, lors du Sommet de Lisbonne, l’Europe s’est donnée pour objectif de devenir la région leader en matière d’économie fondée sur le savoir.

Depuis lors, la formation et la recherche sont devenues la priorité des priorités de la politique européenne.

Il en va de même en Suisse.

La décennie qui s’achève a été celle des réformes.

Citons la loi sur les universités et la création de la Conférence universitaire suisse, l’autonomie accordée aux EPF ou l’accord bilatéral sur la recherche avec l’Union européenne qui permet à la Suisse, depuis deux ans, de participer pleinement aux programmes européens.

Citons aussi la création des HES, l’introduction de la maturité professionnelle puis la réforme de la formation professionnelle approuvée par le Parlement en 2002.
 
Dès 2002, le Conseil fédéral a aussi redonné une priorité financière au secteur de la formation et de la recherche.

Le message présenté au Parlement à cette époque prévoyait une augmentation des crédits de 6%.

Les difficultés budgétaires nous ont forcés à réduire l’effort fédéral à 4%. Cela représente malgré tout une augmentation de 2 milliards pour la période 2004-2007.

C’est une somme importante, à laquelle il faut ajouter les efforts des cantons et des privés de même que nos investissements dans les projets européens.

L’effort des entrepreneurs privés, conjugué à la reprise des investissements publics, commencent à porter leurs fruits.

Le tableau de bord publié chaque année par l’Union européenne montre que la Suisse figure, fin 2005, dans le peloton de tête des pays innovateurs aux côtés du Danemark, de la Suède, de la Finlande et de l’Allemagne.

Dans ce contexte, l’USI a travaillé avec intelligence et enthousiasme.

L’Université de la Suisse italienne a su rapidement construire ses filières d’étude en fonction du Processus de Bologne.

Elle réunit des facultés travaillant sur des thèmes attractifs et innovants : communication, économie, architecture, informatique.

Cela lui a permis de se positionner à l’intérieur du paysage suisse des hautes écoles et d’être compétitive au niveau national et international.

L’USI est une université cosmopolite.

Par son dynamisme et son originalité, elle contribue au rayonnement scientifique et culturel de notre pays.

Elle montre l’exemple en développant des coopérations nationales, internationales et transfrontalières avec de nombreuses universités.

Ses structures de gouvernance, ses sources de financement et son statut d’autonomie attestent aussi de son esprit innovateur.

Mais ce qui est encore plus remarquable à mes yeux, c’est que les facultés de l’USI s’appuient sur le « génie du lieu » propre au Tessin.

La création de l’USI et le choix des facultés, loin d’être un simple coup « marketing », reflètent le savoir faire de ce « coin » de Suisse.

En premier lieu, le Tessin est terre de communication et d’échange.

Toute son histoire a été façonnée par sa position particulière sur le passage entre le Nord et le Sud des Alpes.

Quoi de plus naturel dans ces conditions qu’une Faculté des sciences de la communication et qu’une Faculté d’informatique aient vu le jour à l’USI.

Deuxièmement, le Tessin sait les efforts qu’implique le développement économique dans une région alpine. De ce point de vue, le développement de sa place financière ou les efforts des Tessinois pour tirer parti des transversales ferroviaires sont exemplaires.

L’USI, elle-même, a été conçue comme un instrument au service du développement économique et culturel du canton.

La présence d’une faculté d’économie en ces terres italophones traduit cette volonté de développement durable.

Enfin, on ne pouvait concevoir une université de la Suisse Italienne sans faculté d’architecture tant les Tessinois ont marqué l’architecture européenne.

J’ai dit récemment, lors de la réouverture de l’Eglise Santa Maria delle Grazie à Bellinzone, que l’on pouvait être tenté de parler d’une « libido constructive  exacerbée » chez les Tessinois, tant le canton est parsemé d’édifices de valeur.

Le canton du Tessin, est effectivement une terre de bâtisseurs, un pays de maçons et d’architectes qui ont essaimé à travers l’Europe.

Domenico Trezzini fut l’architecte de Pierre le Grand.

Les églises somptueuses de Francesco Borromini ont marqué l’histoire de l’art occidental. Sans oublier les architectes d’aujourd’hui, Botta, Galfetti, Vacchini, Snozzi et tant d’autres.

Une université de la Suisse italienne sans Faculté d’architecture était tout simplement inimaginable.

Bravo à tous ceux qui ont permis l’éclosion de cette université qui est à la fois cosmopolite et empreinte du génie tessinois.

Mesdames, Messieurs,

Nous avons la chance de vivre des années riches en changements. Et cela va continuer.

Parallèlement à l’espace européen de l’enseignement supérieur, nous mettons en place l’espace suisse de la formation.

L’élaboration des nouveaux articles constitutionnels sur la formation sur lesquels nous voterons dans une semaine est une première étape.

Pour faire face aux défis de l’enseignement, et de l’enseignement supérieur en particulier, il est indispensable que tous les acteurs oeuvrent ensemble et de concert.

Les cantons et la Confédération doivent assumer leurs responsabilités de manière conjointe afin de garantir la qualité, l’harmonisation, la transparence et la perméabilité du domaine des hautes écoles.

Pour l’avenir, nous devons, plus que jamais, définir notre ambition en matière de formation et de recherche en tenant compte d’un monde qui s’urbanise et qui se diversifie.

Comme vous le savez, on assiste à l’émergence de nouveaux pays : Brésil, Inde, Russie, Chine, Afrique du Sud pour ne citer que les plus connus.

Leur développement est considérable.

Chaque année, 260'000 ingénieurs indiens obtiennent leur diplôme.

Et deux millions de jeunes Chinois terminent leurs études universitaires.

Parmi ceux-ci, on compte environ 700'000 diplômés en sciences et en ingénierie. Contre 23'000 en Suisse.

Vu leur taille, vu leurs besoins énormes (on le constate dans le domaine de l’énergie), ces pays attireront de plus en plus de personnel qualifié, de chercheurs et d’investissements.

Ils constituent une chance pour la Suisse d’exporter ses produits et les savoirs fondés sur ses capacités de recherche.

Ils nous offrent aussi l’opportunité d’attirer des étudiants et des chercheurs de pointe sur notre territoire.

Pour exister demain sur ce marché mondial du savoir et de l’innovation, la Suisse, petit pays de 7,5 mios d’habitants, doit investir proportionnellement davantage que les autres pays.

Nous devons aussi collaborer avec notre partenaire européen, taille critique oblige.

Dans ce contexte, il s’agit pour les hautes écoles de maintenir leur niveau d’excellence et d’améliorer sans cesse leurs performances.

Elles doivent attirer un nombre croissant d’étudiants et de chercheurs venant de Suisse et de l’étranger.

Elles doivent stimuler les jeunes habitant notre pays, susciter leur curiosité et leur désir d’apprendre.

Elles doivent innover et rester attrayantes pour les scientifiques de haut niveau.

Si les hautes écoles suisses veulent exister sur le marché de la formation et de la recherche, de 2012 ou de 2015, si elles veulent satisfaire les attentes de la population et des entreprises suisses, elles doivent concentrer leurs efforts et partager leurs visions de l’avenir.

C’est dans cette perspective que nous préparons une nouvelle loi-cadre sur les hautes écoles, qui sera complétée par un concordat inter-cantonal et une convention de coopération entre la Confédération et les cantons.

Dans cette évolution, l’USI a toutes ses chances. Seule université de langue italienne en dehors de l’Italie, elle est un modèle pour la diversité culturelle suisse.
Le plurilinguisme, vous le savez, est une force dans nos relations internes et internationales qu’il s’agit d’utiliser pleinement.

La qualité de l’offre, l’excellence de la recherche, mais aussi l’environnement plurilingue et l’ouverture de notre pays vers le monde, sont des éléments très attractifs pour les étudiants étrangers.

Grâce à la création de la Faculté d’informatique et à la croissance du nombre d’étudiants, l’USI peut contribuer encore davantage au rayonnement de la place de la formation suisse et tessinoise dans le monde.

L’USI perpétuera ainsi l’apport de cette Terra d’artisti, à la prospérité culturelle et économique de notre pays, comme l’ont fait tant d’illustres architectes, écrivains, scientifiques, femmes et hommes de culture tessinois.

Au professeur Marco Baggiolini, Président sortant, et à l’Université, j’exprime mes vœux de succès et je dis : Ad multos annos !


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Segreteria generale DFI
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