"Loin des yeux, près du cœur" (fr)

Bern, 12.09.2014 - Cernier, 12.09.2014 - Rede von Bundespräsident Didier Burkhalter anlässlich des zweihundertjährigen Jubiläums zum Beitritt des Kantons Neuenburg zur Schweizerischen Eidgenossenschaft - Es gilt das gesprochene Wort

Messieurs les présidents,
Mesdames et Messieurs,
et chers amis, de la meilleure des patries,

Je suis heureux d’être parmi vous, d’être avec vous tous, chez nous, en plein cœur de ce beau Pays de Neuchâtel.

On dit qu’un conseiller fédéral s’éloigne, peu à peu, de son canton: loin des yeux, loin du cœur… Ajoutez-y les sirènes des affaires étrangères ainsi que les appels de présidences transcendant les frontières, et les voyages incessants le transportent encore un peu plus loin des yeux. Pourtant, je me sens toujours plus proche du cœur. Comme si poser son regard sur les soubresauts du monde permettait de mieux écouter les battements de son propre cœur, de mieux saisir les charmes de sa propre région.

Le monde et ses soubresauts d’aujourd’hui, précisément: ce monde-là est plein de drapeaux qui claquent au vent, certains noirs de terreur et marquant des territoires gagnés par le sang versé et les espoirs renversés.

Notre drapeau neuchâtelois, lui, est simple et sincère comme la nature. Sous la brise ou la bise, par vents et Joran, il ne mêle certes pas vraiment les couleurs, mais les approche, les additionne, les met en valeur; les cache, pour mieux les découvrir.

D’abord, le vert: la couleur d’espérance dans nos vallées et nos pâturages, celle des grands sapins qui transmettent à nos forêts cette beauté aussi profonde que l’amour qu’on porte à nos montagnes.

Puis le rouge: cette teinte flamboyante sur les joues des vignobles lorsque le soleil d’automne y a égaré ses rayons sans compter. Le rouge du pinot, aussi, qu’on dit pourtant noir et qui se retrouve dans des verres que l’on porte haut, en bas comme en haut, pour dire tout bas, en bons Neuchâtelois, l’amitié qu’on se porte.


Enfin, le blanc: celui qui coule du chasselas doré, ou celui de nos terres agricoles recouvertes par le long hiver. Ou encore celui du lac qui semble s’amuser de nous en scintillant apparemment sans fin.

Ce sont des couleurs vraies, authentiques: avec celles de Genève et du Valais, qui se conjuguent au même passé composé, elles ont rayonné mercredi sur la Suisse, depuis la place fédérale. Ce passé composé s’écrit à l’encre bouleversée et bouleversante de l’histoire européenne ; il trouve sa source presque naturellement dans une médiation et plonge ses racines dans la neutralité.

Au soleil de la liberté, le drapeau neuchâtelois exprime la diversité de ce pays, de ce canton qui, voici 200 ans, choisit sans choisir: la Suisse sans encore complètement quitter la Prusse. Mais entre Berne et Berlin, il fallait choisir. Voilà qui fut fait en 1848; ce sera la Suisse, évidemment, pour ce canton qui porte haut ses nouvelles couleurs et clame dorénavant son prénom: République!

Pour marquer cette loyauté, on ira jusqu’à inscrire dans les replis rouges du nouvel étendard les bras blancs de la croix fédérale. Pour le drapeau, c’était une signature en forme de plus; et aussi une belle déclaration d’amour à la Suisse! Belle, mais discrète, à la neuchâteloise…

On raconte d’ailleurs que c’est déjà la croix fédérale et à nouveau un drapeau qui conduisirent à la république, la révolution ayant démarré un soir de fin février au Locle: des citoyens veulent alors accrocher haut les couleurs de la Suisse, mais la maréchaussée du roi ne l’entend pas de cette oreille. Les couleurs s’empourprent. Des échauffourées s’engagent et soufflent sur les braises: la révolution s’enflamme. La nuit fait place au soleil de la liberté. Et le lendemain matin, en ce 1er mars 1848, la République glisse le long de l’hiver et descend sur le Château.

Trois couleurs pour un drapeau, c’est aussi la force de la diversité: la richesse plurielle et naturelle du canton. Son identité est faite de l’addition de ses visages. Et savez-vous, mesdames et Messieurs et chers amis, lorsque je regarde mon canton d’un peu plus loin mais avec cœur, je me dis souvent que nous gagnerions tous à prendre encore mieux conscience à quel point l’union des différences fait la force.

La diversité neuchâteloise est un élixir quasi magique: le Conseil fédéral lui-même, au grand complet, y a goûté cette année aux portes de l’été. Quelques heures ont suffi pour sentir les odeurs de la torée, pour plonger dans les reflets du lac des Taillères, pour s’enfoncer dans les forêts d’un vert magique, pour tenter de dompter une fée aussi verte, pour déjouer le noir des mines d’asphalte, et pour jouer avec l’écume des jours au Saut-du-Doubs. Pour décompter, aussi, le temps d’un château sur des Monts et d’un espace dans la cité du Haut, tout en rajeunissant dans la vieille ville du Bas. Pour comprendre, encore, pourquoi les gens d’ici aiment dire et surtout chanter que «nous sommes les enfants heureux de la meilleure des patries».

Magique, en effet, à l’égard des membres du gouvernement: je ne les avais jamais vu autant sourire que dans ces deux journées d’été, presque les deux seules ensoleillées d’ailleurs…

Et c’est avec ce sourire dans les yeux et le cœur qu’ils m’ont tous chargé, depuis la Berne fédérale, de vous transmettre les vœux chaleureux de la Suisse à l’occasion de ce bicentenaire.

Une Suisse qui, elle aussi vit de diversité, multipliant ses talents autant que ses régions. Une Suisse qui, toutefois, cherche constamment sa cohésion, la trouvant dans une Constitution aussi fédérale que solide. Notre Constitution, comme le drapeau neuchâtelois, additionne trois couleurs, trois valeurs, trois buts essentiels de la politique étrangère du pays: la liberté, la prospérité et la sécurité.

Alors, là-bas, au-delà de multiples et parfois douloureuses frontières, un peu plus loin des yeux mais toujours si proche du cœur, c’est ce que je voudrais renforcer pour notre monde, pour notre pays, pour notre canton, pour les générations qui s’y trouveront demain. C’est ce que je voudrais que le soleil éclaire: des couleurs et des valeurs… Le vert des paysages de la liberté; le rouge des vendanges de la prospérité; et le blanc des colombes de la sécurité et de la paix.


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