Forte diminution des polluants organiques persistants dans le lait maternel

Berne, 26.04.2011 - Les concentrations de PCB, de dioxines et de furanes ont pratiquement diminué de moitié dans le lait maternel en Suisse, entre 2002 et 2009. Ce recul résulte des mesures prises aux niveaux national et international. Des efforts supplémentaires sont cependant encore nécessaires pour réduire ces concentrations de manière durable.

La Suisse participait en 2009 pour la première fois à une campagne de mesures de l'Organisation mondiale de la santé, dont les résultats ont été publiés le 26 avril à Genève, lors de la conférence sur les polluants organiques persistants (Persistent Organic Pollutants, POP). Les POP sont des substances chimiques fabriquées par l'homme, difficilement dégradables dans l'environnement et toxiques. En font partie des substances telles que les biphényles polychlorés (PCB), les dioxines, le DDT (un insecticide) ou les agents ignifuges bromés. Bon nombre de POP s'accumulent plus particulièrement dans les aliments gras et se retrouvent donc aussi dans l'organisme de l'homme, où ils sont stockés surtout dans les tissus adipeux et le lait maternel.

L'OMS, en collaboration avec le PNUE, coordonne des campagnes de mesures visant à surveiller la contamination du lait maternel par les POP. Les résultats obtenus servent à vérifier l'efficacité de la Convention sur les POP et des mesures nationales (voir encadré 1).  

Diminution de moitié  

A l'initiative de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), la Suisse a participé pour la première fois à cette étude menée à l'échelle mondiale. Entre avril 2008 et novembre 2009, des échantillons de lait maternel ont été recueillis conformément aux prescriptions de l'OMS dans trois hôpitaux suisses. Un échantillon groupé a été préparé à partir de 50 échantillons individuels et a ensuite été analysé dans le laboratoire de référence de l'OMS en vue de déterminer sa teneur en POP.

Les résultats n'ont pas mis en évidence des valeurs surprenantes pour les différents POP examinés. Les concentrations se situent dans la même plage que celles mesurées dans d'autres pays européens. La contamination de fond par les POP s'inscrit toujours à la baisse. Il n'y a donc pas lieu d'adapter les recommandations en vigueur en matière d'allaitement et d'alimentation. Une comparaison des résultats avec des mesures dans le lait maternel réalisées par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP)  en 2002, montre que les concentrations ont diminué pratiquement de moitié (voir figure 1 dans le rapport succinct).

Efforts à poursuivre

Malgré la tendance à la baisse, la contamination en PCB est encore relativement élevée en Suisse et dans d'autres pays industrialisés comparé aux pays qui ont utilisé peu de PCB. Ces résultats recoupent également ceux d'études actuelles qui montrent qu'en Suisse aussi, des PCB contenus dans des décharges ou dans des bâtiments construits avant 1975 (p. ex. dans les mastics des joints d'étanchéité ou les revêtements anticorrosion) sont aujourd'hui encore libérés dans l'environnement et parviennent ainsi dans la chaîne alimentaire de l'homme.

Conférence sur les polluants organiques persistants à Genève   

Bon nombre de « POP classiques » interdits en 2004 au niveau mondial avaient déjà été interdits dans la plupart des pays membres de l'OCDE dans les années 1970 ou 1980, ou soumis à des restrictions drastiques quant à leur utilisation. Ces mesures réglementaires ont permis de réduire considérablement la contamination de l'environnement et de la population par les POP depuis les années 70.

Aujourd'hui, il y a lieu d'examiner à intervalles réguliers quelles actions réglementaires sont nécessaires compte tenu de l'évolution des connaissances scientifiques. En 2009, neuf nouveaux produits chimiques ont ainsi été soumis à la convention (voir encadré 2). La conférence des Parties à la convention de Stockholm se tient jusqu'au 29 avril à Genève. Les Etats doivent notamment décider s'ils souhaitent soumettre un vingt-deuxième produit chimique, l'endosulfan, à la convention.


ENCADRE 1 
La sale douzaine

La Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (Convention sur les POP) compte actuellement 172 Etats Parties. Avec l'entrée en vigueur de la Convention sur les POP en 2004, douze substances - les « POP classiques », aussi appelées « la sale douzaine » -  ont été interdites. Il s'agit de neuf pesticides (aldrine, chlordane, DDT, dieldrine, endrine, heptachlore, hexachlorobenzène, mirex et toxaphène), des biphényles polychlorés (PCB) ainsi que des dioxines et des dibenzofurane polychlorés, susceptibles d'être générés en tant que produits secondaires lors de la fabrication de composés organiques chlorés ou lors de processus de combustion.


ENCADRE 2
Nouveaux POP

On désigne par le terme de « nouveaux POP » les composés organiques persistants inclus en mai 2009 dans les annexes de la Convention sur les POP. Il s'agit de plusieurs pesticides (chlordécone, alpha- et bêta-hexachlorocyclohexane et lindane), de plusieurs agents ignifuges bromés (hexabromobiphényle et certains diphényléthers polybromés), du pentachlorobenzène, de l'acide perfluorooctylsulfonique et de ses sels (SPFO) et du fluorure de perfluorooctylsulfonyle). Ces substances toxiques se propagent dans l'environnement sur toute la surface du globe et peuvent s'accumuler dans l'organisme chez l'animal et l'homme. Un comité mis en place par les Etats Parties à la Convention sur les POP, le Comité d'étude sur les POP (POPs Review Comittee, POPRC), est chargé de l'étude scientifique en vue de l'inscription de nouveaux POP. La Conférence des Parties décide de l'inscription des POP candidats dans les annexes de la Convention sur les POP.


Adresse pour l'envoi de questions

Pour les résultats de l’étude suisse
Mme Bettina Hitzfeld, section Biocides et produits phytosanitaires, OFEV, tél. 079 776 79 56

Pour les résultats de l’étude internationale
Dr SeoungYong Lee, OMS, département de la Sécurité sanitaire des aliments, des zoonoses et des maladies d’origine alimentaire, Genève. E-mail: leese@who.int, +41 22 791 36 04

COP5
M. Franz Perrez, ambassadeur, chef de la division Affaires internationales, OFEV, tél. 079 251 90 15



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Office fédéral de l'environnement OFEV
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