Chaleur et sécheresse: quels sont les impacts pour la vigne ?

Pully, 07.08.2015 - Dans un contexte de réchauffement climatique et d’une probable diminution des réserves en eau des sols durant l’été, la vigne pourrait être à l’avenir plus régulièrement soumise à la sécheresse. Les impacts d’un manque d’eau, associé à des températures élevées, sont étudiés de près à Agroscope, notamment sur le comportement et la capacité d’adaptation des cépages, le potentiel de rendement et la qualité des raisins et des vins.

La vigne, originaire du bassin méditerranéen, est traditionnellement considérée comme une plante résistante à la sécheresse. Son aptitude à endurer un manque d'eau provient de sa grande capacité à explorer le sol en profondeur grâce à un système racinaire très développé. Par ailleurs, ses besoins en eau sont relativement modestes en comparaison d'autres cultures, la maîtrise des rendements et la limitation progressive et modérée de son alimentation en eau étant recherchées pour obtenir des vins de qualité.

La vigne à rude épreuve
Néanmoins, exposée à la sécheresse, la vigne réduit rapidement sa croissance et sacrifie parfois une partie de ses feuilles qui jaunissent puis meurent. L'élaboration des sucres dans les feuilles, processus nommé photosynthèse, est également perturbée si l'intensité et la durée du stress hydrique s'accentuent. La chaleur caniculaire expose aussi la vigne à rude épreuve. Des températures de feuilles supérieures à 40°C ont été mesurées en juillet dans les vignobles expérimentaux d'Agroscope à Pully et à Leytron pendant les heures les plus chaudes de la journée. Dans ces conditions extrêmes, la vigne développe une stratégie d'adaptation, en diminuant fortement la transpiration de son feuillage, afin de préserver ses tissus foliaires de la déshydratation. Ce stratagème permet d'éviter des accidents physiologiques comme la formation de bulles d'air dans ses vaisseaux (embolie gazeuse) qui priveraient les feuilles de l'apport d'eau provenant des racines avec des conséquences désastreuses pour la plante.

Arrière-effets de la sécheresse
Les conditions de sécheresse et de fortes chaleurs exercent un impact sur la croissance des baies et le rendement des vignes également. L'époque d'apparition de la sécheresse, sa durée et son intensité sont à prendre en considération. Un manque d'eau précoce au moment de la floraison réduit le nombre de baies par grappe, un peu plus tard dans la saison, celui-ci diminuera le poids des baies et le rendement en conséquence. Les recherches menées à Agroscope attachent une grande importance aux arrière-effets de la sécheresse sur le millésime suivant et les effets cumulés de sécheresses successives.

Les excès comme les manques d'eau sont généralement néfastes à l'obtention d'une vendange de qualité. Une contrainte hydrique progressive et modérée favorise la production de raisins plus riches en sucres, en anthocyanes, en composés phénoliques et moins acides. A la véraison (époque du changement de couleur des baies), la fourniture en eau devrait être suffisante pour compenser les pertes en eau du sol et de la végétation, mais insuffisante pour assurer la croissance de la vigne. Cet état se traduit au niveau du sol par un épuisement presque complet des réserves au cours de la maturation des raisins.

Un beau millésime en perspective
En cette fin de juillet, la grande majorité du vignoble romand se caractérise par une contrainte hydrique modérée qui est recherchée à l'approche de la maturation des raisins. On observe toutefois des situations contrastées selon les terroirs, quelques vignes montrant des symptômes de sécheresse (jaunissement des feuilles), et d'autres au contraire aucun signe de manque d'eau. Un beau millésime en perspective (voir le communiqué d'hier) en espérant des conditions ensoleillées et sèches ces prochaines semaines pour une maturation optimale des raisins !

Adresse pour l'envoi de questions

Vivian Zufferey, Groupe de recherche Viticulture
Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV
Avenue de Rochettaz 21, CH-1009 Pully, Suisse
vivian.zufferey@agroscope.admin.ch
+41 (0)58 468 65 62 – mobile +41 (0)79 659 47 64

Simone de Montmollin, Service médias
Corporate Communication Agroscope (CCA)
CP 1012, Route de Duillier 50, CH-1260 Nyon 1, Suisse
simone.demontmollin@agroscope.admin.ch
+41 (0) 58 460 41 51