« La communauté juive était, est et restera indissociable de la culture et de la société suisses. Celui qui porte atteinte à des personnes juives en Suisse nous agresse tous ! »

Berne, 01.12.2015 - Allocution d’ouverture du Conseiller fédéral Didier Burkhalter lors de la de la Journée sur la situation de la minorité juive en Suisse à Berne - Seul le texte prononcé fait foi

Mesdames et Messieurs,

Je vous souhaite la bienvenue à la Journée sur la situation de la minorité juive en Suisse.

1. Les menaces que font planer le terrorisme et l’antisémitisme en Europe et en Suisse

Vous allez débattre cet après-midi de la sécurité de la communauté juive de Suisse. Etant donné le contexte mondial et européen actuel, ce sujet est plus que jamais d’actualité, malheureusement. Les semaines passées nous ont à nouveau montré combien le terrorisme international peut être cruel et dangereux. Il y a deux semaines, des attentats terroristes ont frappé notre voisin, la France, et un hôtel a été attaqué au Mali par des terroristes ; il y a quelques jours, Tunis a été la proie d’un attentat qui a contraint le président tunisien à annuler sa visite d’Etat en Suisse.

Le Conseil fédéral condamne fermement ces actes barbares commis par l’autoproclamé « Etat islamique », par Al-Qaïda ou par d’autres groupes terroristes. Il a conscience que ces lâches attaques terroristes à l’encontre de nos sociétés suscitent auprès de nos concitoyennes et concitoyens juifs une inquiétude particulière. Non sans raison, malheureusement. Ces dernières années et ces derniers mois, l’Europe a été le théâtre, à Toulouse, Bruxelles, Paris, Copenhague, Milan, Marseille et dans d’autres villes, d’attaques qui visaient des personnes et des institutions juives et qui, malheureusement, ont souvent fait des morts.

La Suisse non plus n’est pas à l’abri de l’antisémitisme, un fléau dont les origines sont diverses. Chaque année, des juifs sont victimes chez nous d’agressions verbales, de lettres de menaces ou de graffitis antisémites. Des propos antisémites sont également parfois proférés lors de manifestations sportives, notamment lors de matchs de football. Mais ce sont surtout les réseaux sociaux qui, de plus en plus, véhiculent des déclarations antisémites à consonance violente, djihadiste ou islamiste.

Heureusement, les agressions physiques restent à ce jour une exception en Suisse. Mais elles existent. Les auteurs de la dernière agression dont a été victime un juif en juillet dernier, à Zurich, évoluent dans les milieux de l’extrême droite. Globalement, les différentes communautés religieuses cohabitent pacifiquement en Suisse. Pourtant différentes enquêtes montrent que certaines parties de la population ont des opinions antisémites latentes ou qu’elles sont, plus rarement, ouvertement antisémites.

Ces atteintes visent des personnes de confession juive, mais aussi notre liberté et nos valeurs fondamentales, nos valeurs humaines.

Qui porte atteinte à des personnes juives en Suisse, nous agresse tous !

Les auteurs de ces actes nient le fondement pluraliste de notre pays et cherchent, au nom d’une seule et unique vérité, à annihiler le respect des minorités de toute confession religieuse. Nous luttons avec la plus grande fermeté contre de tels agissements.

Nous prenons cette situation très au sérieux. Les services de sécurité la suivent avec attention et prennent les mesures nécessaires pour protéger la communauté juive contre des agressions. Car, à l’instar des autres citoyennes et citoyens suisses, les juifs et juives de Suisse ont droit de s’y sentir en sécurité.

Les services de sécurité fédéraux et cantonaux sont en état d’alerte accrue afin d’empêcher des attentats terroristes et des agressions antisémites. L’Etat-major national de conduite Police a été créé en début d’année afin de gérer et coordonner encore mieux la coopération en cas d’attentat. Il est placé sous la direction de la Conférence des commandants des polices cantonales.

La stratégie de la Suisse pour la lutte contre le terrorisme a été adoptée par le Conseil fédéral le 18 septembre dernier. Elle crée une base de travail commune pour tous les acteurs de la Confédération, des cantons et des communes en charge de la sécurité de notre pays. Par ailleurs, la coopération avec l’étranger a été intensifiée.

La Confédération prend des mesures de prévention et de répression dans le cadre de ses compétences. La responsabilité première de garantir la sécurité des personnes et institutions juives revient aux cantons. Si, dans des cas particuliers, certains cantons devaient manquer de ressources pour accomplir cette mission, le Conseil fédéral attend des cantons qu’ils se soutiennent mutuellement dans le cadre de la Convention sur les engagements de police intercantonaux ou qu’ils s’adressent à la Confédération pour qu’elle examine d’autres mesures.

Au niveau légal aussi, nous devons toujours nous demander si notre droit pénal ainsi que les moyens juridiques et les ressources humaines à disposition de la justice et du Service de renseignement sont suffisants. Cette question se pose pour la protection des personnes et des institutions, mais aussi pour l’analyse de la situation et la surveillance des propos racistes et antisémites sur les réseaux sociaux.

Une autre question que nous devons également nous poser : au vu des statistiques, qui peuvent influer les décisions politiques, est-ce qu’en Suisse nous identifions en tant que tels les actes criminels à caractère antisémite, autrement dit les crimes motivés par la haine ? Hormis en ce qui concerne les discours de haine racistes, le droit pénal suisse ne connaît pas d’état de fait constitutif de cette nature et n’est donc pas conforme au concept international, notamment celui appliqué dans le cadre de l’OSCE.

Enfin et surtout, nous devons renforcer et nous renforcerons sur le long terme les mesures de sécurité en mettant l’accent sur la prévention, pour ne pas offrir de terreau fertile au terrorisme et l’empêcher de se développer. Prévention, tel est le maître-mot.

2. L’engagement de la Suisse pour la protection et la défense des intérêts des minorités

La Suisse s’engage à l’échelle internationale pour assurer la protection des minorités. Dans ce cadre, elle entend aussi contribuer à protéger la minorité juive contre les agressions antisémites.

Comme je l’ai rappelé en septembre, lors de la Conférence de Paris sur les victimes de violences ethniques et religieuses, la Suisse est une mosaïque de cultures et de religions. Notre propre culture nous fait ressentir chaque jour à quel point le respect de la diversité est un gage de paix et de sécurité. Nous sommes donc prêts à nous engager, avec nos moyens et nos spécificités helvétiques, pour la préservation de la diversité.
Le modèle de la Suisse, qui prône la coexistence pacifique entre ses minorités ainsi qu’une politique nationale d’intégration de ces dernières, ne peut bien sûr pas être transposé à l’identique dans d’autres pays et régions. Néanmoins, nous souhaitons faire profiter d’autres Etats de l’expérience de la Suisse dans son approche à l’égard des différentes minorités et cultures, notamment pour l’élaboration de nouvelles constitutions dans le cadre des processus de transition d’un régime dictatorial vers la démocratie. Nous nous sommes par exemple engagés récemment pour soutenir le processus constitutionnel en Tunisie.

La Suisse se mobilise depuis plusieurs années, notamment au sein de l’ONU, pour faire en sorte que, par exemple, chaque Etat soit tenu de mettre tout en œuvre pour empêcher les atrocités de masse. Si cela doit malheureusement s’avérer impossible, il faut alors mettre un terme à ces agissements et il faut que leurs auteurs et leurs complices rendent des comptes. Ces leçons nous ont été dictées par l’Histoire, notamment par la Shoah, ce que je ressens personnellement, au fond de moi, comme un « cri silencieux » à ne jamais oublier….

Le droit international public, qui bannit les génocides, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre, a aussi tout particulièrement vocation à garantir la protection des minorités. Il s’avère aujourd’hui que les attaques contre des membres de minorités religieuses et ethniques font hélas partie de la tactique des organisations terroristes – nous ne le voyons que trop en Syrie et en Irak. Ces conflits sont lourds de conséquences au plan local, régional et mondial. Les importants afflux de réfugiés ainsi que les attaques terroristes au Proche-Orient et en Europe en sont un triste témoignage.
Face à tant de souffrance humaine, il est plus urgent que jamais pour la communauté internationale de trouver une réponse commune à ces conflits et à ces attaques terroristes. Les enjeux de pouvoir et les considérations géopolitiques ne devraient tout simplement pas avoir leur place dans un contexte d’atrocités de masse.

La politique étrangère de notre pays s’engage avec les valeurs suisses dans les domaines du développement et de la promotion de la paix. Nous avons décidé de nous engager encore davantage à l’avenir en faveur d’initiatives de prévention de l’extrémisme violent. Je pense en particulier à des projets visant à ouvrir de nouveaux horizons aux personnes les plus vulnérables à l’extrémisme violent, avec pour objectif de les en détourner. Il s’agit notamment de mesures ciblées de formation professionnelle et de programmes destinés à promouvoir l’intégration et la participation politique.

Nous sommes convaincus que la clé pour dissuader les jeunes de se tourner vers le terrorisme consiste à leur offrir de réelles perspectives de vie. Voilà pourquoi la Suisse lance elle-même des programmes dans ce domaine, comme en Tunisie ou en Afghanistan. Nous avons annoncé, il y a deux mois lors du Sommet sur la prévention de l’extrémisme violent à New York que la Suisse organisera l’an prochain une rencontre d’experts sur la formation professionnelle à Genève. Cette rencontre sera axée sur le rôle que la formation professionnelle peut jouer pour créer des perspectives et favoriser la résilience des sociétés dans des régions du globe particulièrement menacées par l’extrémisme.

La Suisse soutient aussi des programmes multilatéraux, comme celui du Fonds Mondial pour l'Engagement de la Communauté et la Résilience (GCERF), un fond international basé à Genève, financé par un partenariat public-privé, qui vise à soutenir des projets communautaires de prévention de l’extrémisme dans des pays particulièrement vulnérables.

Dans le cadre de ses programmes en faveur des droits de l’homme et de la sécurité humaine, la Suisse se mobilise aussi pour renforcer la culture de l’état de droit et des droits de l’homme dans de nombreuses régions du monde. Car pour respecter les valeurs universelles des droits de l’homme il faut commencer par les connaître.

Et pour que les individus intègrent pleinement ces valeurs, l’environnement d’un Etat de droit, qui montre l’exemple par le fonctionnement de ses institutions, même en période de crise, est un ingrédient essentiel.

La Suisse s’engage aussi pour la prévention de l’extrémisme violent par la coopération internationale. L’ONU va annoncer avant la fin de l’année son premier plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent. La Suisse est prête à co-organiser au printemps prochain une conférence internationale à Genève afin de débattre de la mise en œuvre concrète de ce plan d’action sur le terrain. Bâtir un toit commun pour la communauté internationale – voilà qui est essentiel pour combattre efficacement le terrorisme violent.

3. L’engagement national de la Suisse pour la mise en œuvre des obligations et déclarations internationales de protection des minorités

Comment, à son niveau, la Suisse s’acquitte-t-elle de ses engagements internationaux concernant la protection des minorités ? Elle est partie à la plupart des conventions de portée universelle des Nations Unies pour la protection des droits de l’homme.

A ce titre, elle rend régulièrement compte des mesures qu’elle a prises pour la prévention du racisme devant les organes de surveillance de l’ONU, tout en s’employant activement à accroître l’efficacité de ces organes dans l’accomplissement de leur mission.

En outre, au sein du Conseil de l’Europe, la Suisse coopère étroitement avec la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI), qui est notamment chargée du suivi des problèmes d’antisémitisme.

Dans le cadre de son action en faveur des minorités, elle s’appuie en tout premier lieu sur la Convention-cadre du Conseil de l’Europe pour la protection des minorités nationales, qui, en tant que cadre de référence, constitue le socle de la conférence d’aujourd’hui. Lorsque la Suisse a ratifié la Convention-cadre, en 1998, elle a reconnu comme minorités nationales : les minorités linguistiques nationales, les Yéniches, Sintis et « Gens du voyage » suisses ainsi que les membres de la communauté juive de Suisse.

A l’époque, la Suisse avait reconnu les membres appartenant à la communauté juive comme une minorité nationale, du fait des  liens anciens, solides et durables de cette communauté avec la Suisse depuis le Moyen-Age et parce que ses membres sont animés de la volonté de préserver ensemble ce qui fait leur identité commune, en l’occurrence la religion et la culture. A ce jour, sur les 39 Etats Parties à la Convention-cadre du Conseil de l’Europe, 21 pays, dont la Suisse, ont reconnu la communauté juive comme une minorité nationale.

En la reconnaissant comme minorité nationale, la Suisse s’est engagée en particulier à garantir l’égalité pleine et effective de la communauté juive devant la loi, à protéger ses membres contre toute discrimination, à conserver et à développer sa culture ainsi qu’à préserver les éléments essentiels de son identité que sont sa religion, sa langue, ses traditions et son patrimoine culturel. De plus, la minorité juive a le droit d’utiliser et d’apprendre librement et sans entrave sa langue minoritaire en privé comme en public, oralement et par écrit.

Par ailleurs, en application d’une autre convention du Conseil de l’Europe, la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, la Suisse a reconnu le yiddish comme langue minoritaire à protéger.

Selon la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales, les membres de la communauté juive ont également le droit de créer et de gérer leurs propres établissements privés d’enseignement et de formation. En tant que Partie à la Convention-cadre, la Suisse est tenue de prendre, si nécessaire, des mesures dans le domaine de l’éducation et de la recherche pour promouvoir la connaissance de la culture, de l’histoire, de la langue et de la religion de la minorité juive ainsi que l’égalité des chances dans l’accès à l’éducation à tous les niveaux.

Dans son dernier Avis, adopté en 2013, le Comité consultatif de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales recommandait à la Suisse de continuer à veiller à ce que les personnes appartenant à la communauté juive ne fassent pas l’objet de discrimination raciale ou d’actes d’intolérance.
Lorsque nous adopterons le 4e rapport de la Suisse sur la mise en œuvre de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales, les conclusions de la présente Journée seront très utiles pour prendre position sur les recommandations du Comité consultatif. Nous préparons actuellement l’établissement de ce 4e rapport et il est prévu de consulter les cantons et les minorités l’année prochaine, de sorte que nous puissions remettre notre rapport au Conseil de l’Europe au début 2017.

Par ailleurs, la Suisse n’a pas ménagé ses efforts dans la lutte contre l’antisémitisme dans l’enceinte de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). C’est sous la Présidence suisse de l’OSCE qu’une conférence a été organisée en novembre 2014 à Berlin à l’occasion du 10e anniversaire de la Déclaration de Berlin, dans laquelle les Etats participants de l’OSCE condamnent l’antisémitisme.

En ouverture de cette conférence, la Suisse a réclamé la poursuite conséquente de l’engagement contre les actes antisémites. Elle a appelé les autorités et la société civile à prendre clairement position contre les comportements, les propos et les actes de violence antisémites et à les condamner. La Suisse a également souligné qu’il était important que les incidents et propos antisémites soient clairement désignés et identifiés comme tels. Enfin, elle a ajouté que les critiques à l’égard des événements politiques, par exemple en Israël, ne devaient pas être instrumentalisées pour donner lieu à des propos ou des actes antisémites.

Toujours dans ce discours d’ouverture, la Suisse a tenu à préciser que tout citoyen peut et doit agir pour que la communauté juive, comme toutes les autres communautés, ne soit pas victime de discrimination et se sente en sécurité. Les jeunes, en particulier, devraient prendre conscience des dangers qui émanent de l’antisémitisme. Pour cela, les sociétés politique et civile doivent tout mettre en œuvre pour perpétuer la mémoire de l’Holocauste.

C’est un engagement important pour moi également à titre personnel. C’est la raison pour laquelle il me tenait à cœur, au début de ma présidence de la Confédération, en janvier 2014, de visiter le mémorial d’Auschwitz-Birkenau au lendemain de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste.

Lors de cette visite, j’étais accompagné d’une jeune Suissesse, petite-fille d’un rescapé de ce camp de concentration, qui a consacré un livre à la vie de son grand-père.

L’engagement dont a fait preuve la Suisse durant sa présidence de l’OSCE a abouti à une Déclaration « sur le renforcement des efforts de lutte contre l’antisémitisme » adoptée par le Conseil ministériel de l’OSCE réuni à Bâle en décembre 2014. Dans cette Déclaration, le Conseil ministériel souligne également l’importance de la collaboration entre les Etats et la société civile.

La Journée d’aujourd’hui, qui a été organisée en collaboration avec la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) et la Plateforme des Juifs Libéraux de Suisse (PJLS), est un bel exemple de collaboration réussie et efficace.
Soucieux de souligner notre engagement, nous rendrons compte à l’OSCE, en 2016, de la manière dont la Suisse a mis en œuvre la Déclaration du Conseil ministériel de Bâle sur la lutte contre l’antisémitisme.

Durant sa présidence de l’OSCE, la Suisse a élaboré et mis en œuvre une procédure d’autoévaluation des Etats. Dans ce cadre, la Confédération a chargé le Centre suisse de compétence pour les droits humains de réaliser une étude. Cette dernière est disponible depuis la semaine dernière. Nous espérons que cela incitera d’autres Etats à faire de même.
Les conclusions de cette étude pourront servir de base aux discussions d’aujourd’hui sur les défis concrets auxquels les juifs sont actuellement confrontés.

En 2017, la Suisse renforcera son engagement contre l’antisémitisme en assumant la présidence de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (AIMH). Durant cette présidence, le DFAE poursuivra, en Suisse, son étroite collaboration avec la Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique et avec les organisations actives dans le domaine des droits de l’homme.

Les deux séances plénières de l’AIMH qui seront organisées en Suisse permettront de renforcer l’engagement contre le génocide, les épurations ethniques, le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.

La Suisse accorde une attention particulière aux droits des personnes qui appartiennent à des minorités ethniques, linguistiques ou religieuses. Elle veille à ce que les membres de minorités ne soient pas victimes de discrimination ni ne soient restreints dans leurs droits et leurs libertés. Elle s’assure également que l’universalité des droits de l’homme ne soit pas faussée par une application strictement homogène qui ignore les besoins spécifiques des minorités. Vous aurez l’occasion d’approfondir ces questions aujourd’hui.

Dans le domaine scolaire, la Suisse s’emploie également à promouvoir les mesures de sensibilisation au judaïsme. Le choix de cibler la jeunesse est déterminant pour le futur.
En 2003, la Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique a décidé de faire du 27 janvier, jour de libération du camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, une journée de la mémoire de l’Holocauste dans les écoles suisses. Des activités sont réalisées dans différents cantons ce jour-là, et le président ou la présidente de la Confédération publie une déclaration. La Confédération encourage par ailleurs les projets scolaires dédiés à l’enseignement de l’Holocauste.

Je salue et je soutiens les initiatives prises dans de nombreuses écoles de plusieurs cantons pour perpétuer le souvenir de ces événements historiques et pour les discuter avec des écoliers. L’éducation et la formation sont primordiales. La connaissance est en effet une condition préalable essentielle à la prévention.

C’est la raison pour laquelle je souhaite évoquer aussi le projet « Likrat » de la Fédération suisse des communautés israélites, qui a pour but, par des rencontres dans des écoles par exemple, d’encourager une meilleure connaissance des différents aspects du judaïsme et de combattre les stéréotypes qui sont susceptibles de favoriser l’émergence de ressentiments antisémites.

La Suisse œuvre pour la promotion du dialogue interreligieux, notamment entre jeunes musulmans et juifs. Je souhaite citer à ce propos le projet « Respect » du National Coalition Building Institute, qui a pour objectif, en Suisse, de venir à bout des préjugés entre juifs et musulmans et de vaincre tous ensemble l’islamophobie et l’antisémitisme.

4. Conclusion

Je tiens ici à exprimer la profonde estime que j’éprouve à l’égard de la communauté juive de Suisse qui, au travers de ses organes politiques que sont la Fédération suisse des communautés israélites et la Plateforme des Juifs Libéraux de Suisse, participe activement au débat démocratique au niveau de la Confédération, des cantons et des communes.
Vous mettez une part de vous-même dans la culture, l’économie, la science de notre pays. En prenant une part active au dialogue interreligieux, vous contribuez de façon déterminante à une meilleure coexistence des religions en Suisse.

L’histoire des juifs dans notre pays remonte au Moyen-Age. Elle a malheureusement été synonyme de discrimination, d’exclusion et d’expulsion jusqu’au XIXe siècle. Ce n’est qu’en 1866 que le peuple et les cantons ont approuvé une révision de la Constitution qui garantit à la population juive la liberté d’établissement et l’égalité devant la loi.
En janvier prochain, nous fêterons le 150e anniversaire de l’égalité de traitement entre les juifs et les autres citoyens suisses. La communauté juive était, est et restera indissociable de la culture et de la société suisses.

Aujourd’hui, l’une des missions centrales de l’Etat consiste à créer, à l’intention des membres de la communauté juive et d’autres communautés religieuses, des conditions leur permettant d’exercer leurs droits fondamentaux en matière de religion et leur offrant la protection nécessaire contre les agressions. Il est de notre rôle à tous de défendre, pour tous ceux qui en ont le plus besoin, à savoir les réfugiés, les minorités et les groupes particulièrement vulnérables, le respect des droits de l’homme que nous tenons pour naturel, pour acquis, en ce qui nous concerne.

Il est du devoir de la société et de l’Etat de faire échec à la stigmatisation et à la discrimination et de veiller à ce que les fautes du passé, résultant du mépris du genre humain, ne se reproduisent plus jamais.


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