Madame la Présidente,
Madame la Conseillère d’Etat,
Monsieur le Recteur,
Monsieur le Directeur,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs les invités,
Mais surtout chers étudiants, enseignants, chercheurs,

En 1923, Le Corbusier a dit [citation] : « L’architecture actuelle s’occupe de la maison, de la maison ordinaire et courante pour hommes normaux et courants. Elle laisse tomber les palais. Voilà un signe des temps ».

Cette année-là, Le Corbusier, comme tout homme normal avait apprécié le paysage vraiment pas courant, mais au contraire grandiose du lac Léman. Il a donc choisi Corseaux près de Vevey pour réaliser pour ses parents la Villa Le Lac. Il s’agissait bel et bien d’une « maison ordinaire et courante » comme le disait l’illustre architecte qui était venu ici car il n’avait évidemment pas pu implanter Le Lac à La Chaux-de-fonds… où il a toutefois réalisé d’autres merveilles [dont, et cela vous intéressera dans un institut dédié au service public, sa fameuse « maison blanche »].

Quant aux palais, mes récentes visites dans le canton de Vaud m’ont prouvé qu’ils sont à nouveau dans l’air du temps! Je pense bien sûr aux palais dédiés à la formation et au savoir. J’ai eu la chance de venir en mai dernier inaugurer le Rolex Learning Center, construit par deux architectes aussi japonais que mondialement réputés, lauréats du Prix Pritzker 2010: Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa. Un bâtiment aux contours délicats et puissants, précis et fluides : assurément un palais contemporain, un palais du savoir !

Aujourd’hui, je me réjouis vivement d’être présent ici pour inaugurer avec vous un autre palais de la connaissance. Un palais dédié au bien public, au service public, un lieu où l’on cherche la meilleure gouvernance, la bonne et la juste administration publique. Un palais où c’est donc « service public » à tous les étages !

Ces nouveaux palais sont républicains, ouverts sur la cité, en interaction avec elle, dédiés au savoir, faits disons pour les femmes et les hommes (je suis aussi ministre de l’égalité) que Le Corbusier appelait « normaux et courants ». Des palais construits pour y construire l’avenir, des lieux de savoir et d’échange. Des lieux de vie, car le savoir et l’échange, c’est la vie !

Mais Madame la Présidente, vous le savez : j’ai une autre raison de me réjouir tout particulièrement d’être ici ce soir. Car l’IDHEAP a parfaitement bien choisi les architectes de son nouveau siège : le bureau Geninasca-Delefortrie se trouvant dans une autre magnifique ville, baignée par un autre magnifique lac, qui est aussi « l’autre » grand lac des vaudois, à Neuchâtel. Suivant les traces de son illustre prédécesseur, M. Geninasca est aussi venu, avec ses collaborateurs, apporter une contribution architecturale sur les bords du Léman. Ce n’était par pour y créer une nouvelle villa Le Lac, c’était pour y installer un nouveau palais du savoir pour l’IDHEAP.

Lorsque j’étais membre de l’exécutif de la Ville de Neuchâtel, j’ai eu la chance d’être maître d’œuvre de magnifiques projets. Un en particulier a été une expérience inoubliable et j’ai eu la chance d’y travailler en partenariat avec des architectes talentueux, créatifs et dotés d’un sens inné du dialogue. Eh oui, Mesdames et Messieurs : il s’agissait déjà de Laurent Geninasca et de ses associés! 

Ensemble, et avec des partenaires privés qui ont su donner leur plein sens au mot « partenariat », nous avons travaillé au complexe de « La Maladière ». Cette épopée fascinante, presque magique, laboratoire de la nouvelle gestion publique, nous a mené vers la construction d’un complexe multifonctionnel, tout comme ici : au service du public. Tout à la fois salles de sport, centre commercial, caserne du centre de secours et stade de football c’est un « palais » pour le public, pour les femmes et les hommes « normaux et courants ». C’est le « bien public » au carré en quelque sorte dans un temple du ballon rond ! [Je me dis d’ailleurs qu’actuellement des Neuchâtelois devraient peut-être faire un séjour sur les bords du Léman, sur les hauteurs de la Pontaise ! Neuchâtel Xamax a certainement quelque chose à apprendre du Lausanne Sports qui brille au firmament européen et fait dérailler les locomotives les plus robustes! Eh oui, cher Laurent, parfois un magnifique stade ne suffit hélas pas… !].

Ce n’est donc pas un hasard si le bureau Geninasca-Delefortrie a reçu le Prix Charles Duyer à Bruxelles en 2008 pour « la Maladière », ainsi que le prix d’architecture romand il y a quelques jours à peine : félicitations à eux pour ces récompenses méritées !

Madame la Présidente,
Vous m’avez donc fait un cadeau en m’invitant ici ce soir pour inaugurer à vos côtés ce nouveau complexe réalisé par Laurent Geninasca et ses associés. C’est pour moi un peu comme si l’on jouait les prolongations de l’aventure de « La Maladière » !

Ce d’autant plus que j’ai découvert, troublante coïncidence, que l’IDHEAP était domicilié durant la « première mi-temps » de son histoire, à Chavannes-près-Renens…  route de la Maladière ! Cela ne s’invente pas ! Et c’est à croire que le bureau Geninasca-Delefortrie ne peut plus se passer des « maladières » !  [Comme ministre de la santé je dois certainement m’en réjouir, puisque les maladières - ou maladreries – qui ont donné leur nom à ces rues ont été parmi les premiers endroits construits pour prodiguer des soins: ce sont donc un peu les ancêtres de nos hôpitaux, et nous revoici au service public.]
 
Mais votre institut a maintenant déménagé et l’on peut encore lire sur son site Internet cette petite annonce datant d’il y a quelques mois, je cite: « A LOUER - Bel immeuble de caractère proche du campus UNIL – EPFL »  Cette annonce, bien qu’encore en ligne, n’est plus actuelle : entre temps le « Vieux collège » de la Rte de la Maladière 21 a trouvé repreneur, c’est désormais la Business School Lausanne qui y a son siège. L’IDHEAP lui est dans son « Nouveau collège », il a changé d’immeuble sans rien perdre de son caractère et il se rapproche encore de ce vaste campus UNIL – EPFL, où il est même désormais pleinement intégré. Le voici dans le quartier de « Mouline » […ce qui inspirera sûrement les étudiants en période d’examens : Quand je vois mes fils en période d’examens je me dis que, oui, en effet, ça mouline !]. L’Institut côtoie ici d’autres institutions dédiées à la connaissance, à la recherche, au savoir. Cet environnement n’en sera que plus stimulant !

Mesdames, Messieurs,
C’est donc, vous l’avez compris, un grand plaisir de vous apporter ce soir le message de félicitations et les vœux du Conseil fédéral à l’occasion de cette étape, de ce jalon important dans la vie de l’IDHEAP, un joyau de notre système de formation.

Depuis plus de 25 ans, l’IDHEAP propose des formations continues et des filières d’études en administration publique. D’abord vaudois, l’Institut a vite étendu son rayonnement d’abord à la Suisse, puis à l’Europe, enfin au monde entier où son savoir-faire particulier et son expertise lui valent d’être connu et reconnu. L’IDHEAP coopère désormais aux Pays-Bas, en Allemagne, au Portugal, au Canada, en Chine. Il participe aussi avec succès à des programmes de recherche européens et internationaux, en plus de projets du Fonds national et de la CTI. L’IDHEAP reçoit aussi régulièrement des chercheurs et étudiants étrangers. Nul doute que  ce nouveau bâtiment lui donnera la possibilité d’accueillir des conférences internationales et autant de délégations étrangères. Voilà donc le joyau IDHEAP doté d’un écrin à sa mesure !

En Suisse également, les compétences uniques de l’IDHEAP sont reconnues à leur juste valeur. L’administration fédérale a un intérêt naturel à des méthodes efficaces et modernes. Le travail administratif est - à tous les échelons – devenu plus complexe. Nous avons besoin d’hommes et de femmes bien formés face à ces défis. L’IDHEAP a répondu à cette complexité croissante par des enseignements innovants et des offres de formation renouvelées et adaptées aux besoins. Il a su apporter un regard neuf sur le service public. Une clé de son succès !

On peut trouver naturel qu’un institut de hautes études en administration publique entretienne un lien étroit avec la Confédération. En réalité : il s’agit du résultat d’un travail constant. L’IDHEAP a construit sa position, il l’a méritée par son esprit innovateur, son excellence.

L’IDHEAP a été reconnu par la Confédération en 1987 et il reçoit une aide fédérale. Depuis 2000 cette coopération se fonde sur des conventions de prestations quadriennales et des évaluations régulières. Un exemple de bonne gestion publique ! Un examen supplémentaire lui a permis d’obtenir, en 2005, l’accréditation de la Conférence universitaire suisse. L’institut a renforcé son ancrage fédéral, au-delà des frontières linguistiques à travers le Swiss public administration network qui le lie aux Universités de Berne, Lausanne et de la Suisse italienne. [J’ai même pu voir que fin 2009 c’est un autre « Palais dédié au public » que celui-ci que les responsables de ce réseau ont voulu visiter, puisqu’on a pu les voir, en octobre 2009, en visite au Palais fédéral.]

Je tiens à relever que durant toutes ces années, la coopération entre la Confédération et l’IDHEAP s’est déroulée de la façon la plus réjouissante qui soit : j’aimerais remercier votre Institut pour cette coopération exemplaire. J’aimerais aussi souligner l’excellent partenariat entre la Confédération et le Canton de Vaud au service de cette Institution.

Mesdames, Messieurs,
L’IDHEAP peut être fier de son parcours jalonné de succès. Il peut aussi considérer l’avenir avec confiance. Son « palais du savoir » ne viendra pas seulement embellir le paysage lémanique : il embellira aussi un paysage suisse des hautes écoles dans lequel il trouvera pleinement sa place. Car les réformes législatives en cours au niveau fédéral (la nouvelle loi sur les hautes écoles et la refonte de la loi sur la recherche et l’innovation) ont un objectif clair : consolider durablement la position de pointe de nos hautes écoles et la compétitivité de la recherche suisse au niveau mondial.

Pour cela nous avons besoin d’école engagées, d’enseignants performants, de chercheurs de pointe, d’étudiants motivés et aussi d’infrastructures de qualité. Parfois même il nous faut des « palais » modernes : publics, républicains, symboles de l’importance que nous accordons à notre système de formation et au principe de l’égalité des chances.  

Dans son nouvel écrin, l’IDHEAP a tout en main pour continuer sur le chemin du succès. Je me réjouis du magnifique jalon posé ce soir sur son  itinéraire.

Et maintenant c’est à vous de jouer: vous les professeurs, étudiants, chercheurs, collaborateurs de l’IDHEAP, à vous d’insuffler la chaleur de la vie dans les veines de cet écrin de métal et de verre, de le faire vibrer, rayonner, de faire battre le cœur de ce palais moderne, palais du savoir au service du public !

Je vous remercie de votre attention.

Einweihung des neuen IDHEAP-Gebäudes: « L’IDHEAP : un palais de l’excellence dédié au secteur public »