Madame la Présidente du Conseil national

Monsieur le Président du Conseil d'administration de l'Aéroport International de Genève et Conseiller d'Etat

Monsieur le Directeur

Mesdames, Messieurs, Chers amis,

Heureux !

Je suis un Ministre des transports heu-reux !

J’ai l’immense privilège de pouvoir sans cesse inaugurer.

Inaugurer des tunnels ou des bouts de tunnel.

Couper le ruban sur une autoroute. Ou, plus sûrement, sur un bout d’autoroute.

Ou encore ouvrir un nouveau centre de gestion du trafic routier.

Quelle jalousie je dois susciter auprès de tous les politiciens qui s’autoflagellent à passer leur vie à économiser. 

A chaque inauguration, on m’offre la possibilité de faire un discours pour me remercier

(quand je dis moi, je parle de la Confédération, vous l’aurez compris !),pour me remercier d’avoir financé 80 ou même 90 pourcent du coût des travaux.

Or, aujourd’hui, je peux m’adresser à vous sans avoir à payer quelque chose ! Voilà la raison de mon bonheur.

Pour vous, c’est aussi un avantage :

Comme ce n’est pas moi qui paie, ce n’est pas moi qui commande.

Et donc, je n’ai aucune critique à formuler !

Au contraire ! Je tiens ici à vous remercier de m’avoir invité, mais je tiens surtout à féliciter très chaleureusement les initiateurs et promoteurs de cette magnifique réalisation.

En fait, que l’aéroport international de Genève s’agrandisse et se modernise n’est pas une surprise.

Il n’a pratiquement fait que cela depuis sa création.

Cointrin est un chantier permanent :

(on se croirait sur une autoroute suisse !)

En fait, je constate que Cointrin n’a jamais cessé de décoller, alors que Swissair, elle, a dû atterrir d’urgence !

Pour moi, cet épisode a valeur de symbole.

Swissair a privilégié la recherche du profit à court terme. Elle a donc laissé tomber Genève, parce que Genève n’entrait plus dans ses plans.

La suite, nous la connaissons.

Cointrin a su rebondir. Et de quelle manière !

Sans faire de bruit.

Sans laisser croire que Genève était « Unique ».

La « success story », c’est le modèle genevois !

A l’époque, Swissair s’était en quelque sorte désolidarisée de Genève. Swissair - il faut le souligner - était une compagnie privée.

Il est d’autant plus important que la Confédération, elle, se montre solidaire de toutes les régions de ce pays. Cette exigence vaut aussi pour l’aviation.

Le Conseil fédéral et le Parlement proposent au souverain, le 29 novembre prochain, de modifier la Constitution.

Or cette modification profitera en premier lieu aux aéroports régionaux. 

Les recettes issues de l’impôt sur le kérosène utilisé par les avions doivent en effet revenir au secteur de l’aviation. Lequel va y gagner quelque 40 millions de francs par année.

Les nouvelles normes européennes n’autorisent plus le cofinancement du service de la navigation aérienne des aérodromes régionaux par le service de la navigation aérienne des aéroports nationaux.

Une partie des 40 millions peut et doit ainsi servir à la sécurité aérienne des aérodromes régionaux.    

Car nous voulons garantir un haut niveau de sécurité dans toutes les régions de Suisse, pas seulement à Zurich et à Genève.

Et pour cela, nous devons disposer des moyens nécessaires et  des effectifs nécessaires. C’est également un des buts poursuivis par la révision de la loi sur l’aviation en cours actuellement. 13 centimes de plus par passager transporté, c’est le prix de la taxe qui devrait nous permettre de renforcer la surveillance de l’espace aérien et donc la sécurité de tous.

Mesdames, Messieurs,

J’ai pris l’habitude d’inaugurer de nouvelles infrastructures : des routes, des tunnels, des terminaux d’aéroports.

Et il m’arrive de rêver. De rêver à l’inauguration d’infrastructures qui auraient été rénovées, agrandies, rafraîchies et qui s’appelleraient cohésion nationale, solidarité, respect des minorités.

Là sont les vraies valeurs.

Bien loin de la recherche du profit à court terme.

Bâtir des infrastructures, c’est avant tout penser à demain, donner de l’espoir aux générations futures.

C’est penser en termes de solidarité, de cohésion nationale et de respect.

Nous sommes fiers de la ponctualité de nos trains comme de notre réseau routier ou de nos aéroports.

Et nos infrastructures font partie de l'identité du pays, elles sont nécessaires à la cohésion sociale, elles font le lien entre toutes les régions.

Ne plus investir dans les infrastructures, c’est prendre un risque.

Celui de priver nos enfants, nos petits-enfants, des atouts qui font aujourd’hui notre prospérité.

Si la Suisse est le pays le plus compétitif du monde, elle doit ce titre pour une bonne part à son réseau de transport. Et ce n’est pas le ministre des transports qui le dit, mais une étude du WEF.

Vous avez vous aussi  un intérêt direct à pouvoir compter sur de bonnes liaisons routières et ferroviaires. 

Ici, je veux vous rassurer : la 3ème voie Genève-Lausanne est – pour moi -  une priorité.  

Il n’empêche : il ne faut pas relâcher la vigilance :

Il faut chercher des alliances pour concrétiser les projets. Comme ce fut le cas avec le CEVA. 

Car la mobilité, elle, ne cesse d’augmenter.

Contrairement à nos budgets, à mes budgets.     

Economiser sur le dos du rail, c’est prendre le risque d’inciter les gens à reprendre la route.

Ces économies-là ont un goût de bouchon !

Mesdames Messieurs

Je suis fier de l’esprit de pionnier qui règne ici et qui porte ses fruits. 

L’aéroport de Genève est non seulement aimé de tous les Suisses mais surtout il est apprécié par tous les avions, qui ont un immense plaisir d’atterrir à Genève et de décoller d’ici. 

Pas tous : les « Tigers » de l’armée, eux, battent tellement de l’aile qu’ils ne veulent même pas se laisser  remplacer.

Genève bien au contraire l'a toujours su :

Il faut mettre un tigre dans le moteur !

C’est pourquoi je tiens à vous dire encore une fois :

Bravo !

Surtout, je vous remercie d’investir pour demain.

Et de le faire sans rien me demander.

En cela aussi, votre projet…m’est cher !

Je vous remercie.

Un projet qui m’ est … cher