Monsieur le Président du Conseil d’Etat,
Monsieur le Syndic de Lausanne,
Monsieur le Président du Comptoir,
Mesdames, Messieurs,

En premier lieu, je tiens, au nom du Conseil fédéral, à  réitérer les sincères condoléance de la Confédération à l’égard de la famille de feu Monsieur le Conseiller d’Etat Jean-Claude Mermoud ainsi qu’à l’égard des autorités et de la population vaudoises. Le Conseil fédéral a été touché par le départ soudain et tragique de cette personnalité attachante qui a œuvré sans relâche, avec modestie, engagement, efficacité - et aussi avec beaucoup d’humanité - au développement de son canton, au bien être de notre pays entier.

Mesdames et Messieurs,

M. Mermoud s’est beaucoup engagé en faveur du dynamisme économique et du développement technologique du canton de Vaud, de la région lémanique, de ce pivot de la Suisse romande.

L’ouverture du Comptoir suisse est une excellente occasion pour se pencher sur les belles réussites et sur quelques défis de cette région.

Mais le Comptoir suisse est d’abord et avant tout une belle et ancienne tradition et un lieu de rencontres, depuis bientôt 100 ans ! Chacun ici peut certainement se souvenir de moments riches, passés au Comptoir alors qu’il était enfant :

des moments impressionnants (les grands tracteurs et les nouvelles machines),
des moments amusants (les concours, les jeux, les animaux de la ferme),
des moments olfactifs (les  fameuses caves cantonales !)
ou encore des moments gustatifs (le concours « Jean-Louis » et les produits du terroir)

Bref, des moments vrais, chaleureux, des moments de rencontre, de joie, de partage !

Le Comptoir est un lieu de vie et une vitrine de nombreux aspects de notre quotidien. C’est un lieu de rencontre des Suisses, et des Romands en particulier. C’est un peu de notre patrimoine vivant, c’est un de ces moments qui font et soudent la Suisse !
 
Le Comptoir c’est aussi un lieu de contact indispensable entre les Suisses des Villes et les Suisses des champs – le « Rendez-vous de la Ville et de la Campagne » dit son slogan. Et les petits citadins peuvent donc y vérifier - si besoin était - que les œufs ne poussent pas au supermarché et que le lait vient des vaches.  Ils peuvent y admirer les chevaux et mieux y comprendre comment on gère nos campagnes et nos espaces boisés. La halle de l’agriculture tout comme l’exposition sur la forêt sont de belles occasion de faire rayonner des valeurs, celles qui sillonnent nos campagnes et parcourent nos forêts, des valeurs fortes: le goût du travail bien fait, le respect de la nature, l’amour de la tradition allié au sens de l’innovation. Oui des forces de notre pays tout simplement, qui plongent leur racines profondément dans notre territoire et dans l’âme de notre pays.

Car le Comptoir, c’est aussi un lieu d’information pour le grand public. C’est donc avec un grand plaisir qu’en tant que ministre de la santé j’ai appris que la promotion de la santé occuperait une grande place au sein de cette 92e édition.
 
Mesdames et Messieurs,

La santé cette valeur essentielle, ce moteur de notre existence. Quoi de mieux dès lors que l’alliance de la promotion de la santé avec les plaisirs du terroir et la convivialité du Comptoir ?

Et ce n’est pas contradictoire !

Ce n’est sûrement pas un hasard si en levant notre verre, nous disons « santé ! ». (Reste bien sûr à ne pas le dire trop souvent !) Voltaire avait raison de dire : « J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé. » Et en effet des études démontrent que le bien-vivre, la convivialité, la joie de vivre sont de fabuleux gages de santé et de prévention. Les visiteurs du comptoir obtiennent donc, sans aucun doute, la palme des citoyens en pleine santé ! En tout cas, nous le leur souhaitons !

Plus sérieusement, la prévention et la promotion de la santé constituent un pilier essentiel de la stratégie de la Confédération, en collaboration avec les cantons et les partenaires du monde de la santé – et je suis bien placé pour vous dire qu’ils sont nombreux, très nombreux ! Il est important de mettre l’accent sur le bien-être, de rendre chacun attentif à ce qui est bénéfique pour la santé, tout en encourageant à y contribuer soi-même activement.

Le but est simple : permettre de vivre plus longtemps en bonne santé. L’espérance de vie se rallonge dans nos sociétés.

Ce vieillissement touche tous les pays d’Europe. Il représente, nous le savons tous, un immense défi pour nos assurances sociales, notamment pour l’AVS. Mais pas seulement ! Le vieillissement est aussi un vaste défi pour notre politique de santé. D’ici quelques  années coexisteront, non pas trois ou quatre, mais cinq générations, donc quatre actives et en bonne santé et une cinquième très âgée, qui nécessitera des soins importants.

Des maladies chroniques comme le diabète ou Alzheimer concerneront toujours davantage de personnes. Ces maladies péjorent gravement la qualité de vie des malades et nécessitent des soins coûteux et sur une longue durée. Dans une société vieillissante c’est une bombe à retardement pour notre système de santé. Il nous faut donc anticiper. Sun Tzu nous l’enseignait déjà il y a 2500 ans : « Celui qui excelle à résoudre les difficultés les résout avant qu'elles ne surgissent. ».

En Suisse, nous voulons assurer durablement l’accès de tous – l’accès de tous, j’insiste - à des soins de la meilleure qualité. Les soins doivent pour cela suivre l’évolution constante de la qualité et rester finançables. C’est un défi et il nous faut anticiper.

La loi sur la prévention, actuellement devant le Parlement, est une pierre angulaire de la stratégie du Conseil fédéral : elle permettra de développer de véritables stratégies nationales, avec tous les partenaires, pour être plus efficaces ensemble et mieux prévenir et donc éviter ou retarder les maladies chroniques. Ce sera un progrès important pour la qualité de vie des personnes concernées – c’est donc humainement nécessaire - et ce sera le meilleur moyen de maîtriser l’évolution des coûts.

Mesdames et Messieurs,

La seule solution pour maintenir un système de santé de qualité et accessible à tous est de s'organiser mieux pour prévenir et soigner mieux. Ce n’est pas contradictoire : une meilleure efficacité du système conduit à de meilleurs soins et à une meilleure maîtrise des coûts. Faire « plus » ce n’est pas toujours faire « mieux »; il faut inciter à la qualité, pas à la quantité.

Les premiers effets des réformes en cours sont là puisque nous assistons à une stabilisation des coûts. Par personne les coûts de la santé progressent de 2% environ en 2010 et 1% pour la première partie de 2011, alors que l’augmentation moyenne des coûts de l’assurance-maladie sociale était de 4 à 5% par an depuis quinze ans.
 
Grâce à ce ralentissement de l’évolution des coûts, nous réussirons à modérer la progression des primes en 2012. Les hausses de primes seront modérées, en moyenne nationale comme pour le canton de Vaud. Pourtant on nous prédisait depuis deux ans qu’avec le financement hospitalier on allait vers des hausses catastrophiques, on parlait même de 10%, 15% ou 20%. Nous serons heureusement bien en dessous, grâce aux réformes entreprises ces dernières années et grâce à l’engagement de tous les partenaires.

Cette évolution modérée des primes n’aura rien d’artificiel, elle sera le reflet des réalités. Les mesures prises font leur effet, tout simplement. Mais le chemin est encore long. Il y a de nombreuses réformes encore à mener et à poursuivre pour garder ce cap.

La balle est dans le camp du Parlement. Il pourra dire dans quelques jours si, après sept ans de discussions, il accepte de finaliser l’importante réforme liée aux réseaux de soins et à la compensation des risques dans le sens d’une meilleure qualité et d’une meilleure efficacité. La concurrence se concentrera sur la qualité et plus sur une mauvaise sélection des risques. C’est une étape essentielle. Il faut maintenant le courage de la finaliser.

Et il y a de nombreux autres chantiers: loi sur la prévention, cyber santé, registre national du cancer, loi sur la surveillance des caisses maladie, par exemple. Les mots d’ordre pour avancer sont simples, très suisses: il faut travailler, avoir le sens des responsabilités, et garder le sens de la mesure.

Mesdames et Messieurs,

Comme Jean-Louis, j’ai beaucoup dit « santé !» aujourd’hui, puisque ce thème est au centre de cette édition 2011 du comptoir. Mais en tant que Ministre de l’Intérieur j’ai d’autres occasions de me réjouir, ici à Beaulieu.

J’ai en effet le plaisir d’être aussi ministre de la formation et de la recherche. Je me réjouis donc que les organisateurs aient associé HEC Lausanne en tant qu’hôte d’honneur de ce comptoir.

Cet alerte centenaire est en quelque sorte un symbole de la force et de la vivacité de nos institutions de formation et de recherche suisses. Ces institutions offrent des perspectives à nos jeunes en leur garantissant une formation de haut niveau et en leur proposant des outils efficaces pour entrer sur le marché du travail.
 
La Suisse peut être fière d’avoir non seulement des jeunes bien formés mais aussi le plus bas taux de chômage des jeunes d’Europe !

Et je dois souligner ici que l’ouverture de notre pays et notamment les accords bilatéraux ne contribuent pas peu au succès de la Suisse. La voie bilatérale a été le moteur qui a relancé la croissance économique dans les années 2000. Ces accords sont largement bénéfique pour nos emplois et notre dynamisme, mais aussi pour nos assurances sociales qu’ils renforcent durablement (une seule illustration: sans cette immigration, l’AVS serait en déficit depuis 20 ans) et ces accords bilatéraux sont encore indispensables pour nos chercheurs et nos hautes écoles. Sans eux, ils ne pourraient pas être au top mondial et européen, tout simplement.

La Confédération s’engage pour le maintien des meilleures conditions-cadre en Suisse. C’est dans cet état d’esprit que le Conseil fédéral a proposé au Parlement des mesures pour soutenir l’économie et nos emplois face aux difficultés provoquées par le cours du franc.

Le paquet 2011 propose entre autre des investissements de plus de 210 millions dans les domaines de la recherche, de la technologie et de l’innovation.
 
Car notre pays n’a qu’une solution, il doit rester parmi les meilleurs du monde : un des pays les pays les plus innovants et technologiquement et scientifiquement les plus avancés de la planète.

Car, et nous n’en sommes parfois pas assez conscients, notre pays est à la pointe mondiale dans la recherche, la science et l’innovation. La Suisse est une des championnes européennes de l’innovation depuis 3 ans, 6 de ses Universités figurent parmi les 200 meilleures du Monde et nos deux EPF sont même parmi les 50 meilleures du Monde et figurent parmi les 3 meilleures d’Europe avec l’Université de Cambridge dans le palmarès du Conseil Européen de la Recherche!

Mesdames et Messieurs,

Ce succès, c’est notre « qualité d’avance ». Et une des meilleures preuves est de ce succès est tout près d’ici. La Commission européenne a lancé une initiative visant à soutenir deux grands projets de recherche d’importance majeure sur le continent, ses projets « amiraux », les « flagship » de la recherche européenne. Dans une première phase, six projets ont été présélectionnés. Sur ces six projets, la Suisse est impliquée dans cinq et, par ses EPF, elle en pilote deux et a le leadership scientifique d’un troisième. C’est un résultat époustouflant pour la petite Suisse qui passe devant tous les pays d’Europe, petits et grands!

Un des candidats sérieux au titre de projet de recherche « amiral » d’Europe est basé ici à Lausanne, à l’EPFL : il s’agit de la modélisation informatique du cerveau humain, « Blue Brain / Human Brain ». Ce projet est d’une importance stratégique exceptionnelle pour la Suisse et pour l’Europe, aux plans scientifique, technologique et en termes de santé publique, nous y revenons. Human Brain pourra s’avérer essentiel pour mieux comprendre le cerveau, son fonctionnement et aussi ses dysfonctionnements, que nous connaissons encore très mal.

Ces nouvelles connaissances contribueront efficacement à la lutte  contre les formes de démence. Des progrès considérables sont possibles.  C’est une aventure scientifique exceptionnelle qu’on peut aller jusqu’à comparer à ce qu’était, il y a 50 ans, le défi de voyager vers la lune ! Et tout cela se passe chez nous en Suisse, ici à Lausanne, à deux pas du Comptoir.

Notre pays a un potentiel et une qualité exceptionnels en termes de recherche et d’innovation. La région lémanique est un phare, renforcé encore par les qualités de son voisin du Nord, l’Arc jurassien. Notre pays doit garder sa « qualité d’avance ». Car la situation actuelle sur les marchés des devises est probablement durable: même s’il s’améliore, le cours du franc risque de ne pas revenir de sitôt aux taux que nous connaissions il y a quelques mois seulement.

Mesdames et Messieurs,

Ce n’est qu’en veillant à devenir encore plus compétitive, encore meilleure en terme d’innovation, de recherche et de conditions-cadre que la Suisse pourra continuer à tirer son épingle du jeu au plan mondial et à exporter malgré un franc surévalué.

La Suisse a de la ressource, elle a toujours su faire face aux difficultés et en sortir plus forte. Je suis profondément convaincu que la Suisse saura affronter les défis majeurs qui l’attendent avec succès : elle possède de nombreux atouts et elle peut s’appuyer sur des valeurs fortes: travail, qualité, ouverture, des valeurs qui au fond sont aussi celles du comptoir.

Le Comptoir suisse en montrant tout cela devient en quelque sorte un condensé des qualités suisses, la vitrine de notre « qualité d’avance ».

Mesdames et Messieurs,

Au nom du Conseil fédéral j’adresse des vœux de plein succès à cette édition 2011 du Comptoir suisse. Je vous remercie de votre attention, je vous souhaite une très belle soirée et il me reste à vous dire, tout simplement et en tout amitié confédérale :  « santé ! »

Journée Officielle de la 92e édition du Comptoir suisse: «Au comptoir suisse, santé !»