Monsieur le Conseiller d‘Etat
Monsieur le Président
Monsieur le directeur

Mesdames et Messieurs

C'est une excellente journée pour la Suisse romande, c'est une excellente journée pour notre industrie et c'est - surtout - un jour très important pour le constructeur de machines Bobst. C'est une journée qui est à marquer d'une pierre blanche. Ceci d'autant plus, qu'il y a deux ans, les perspectives étaient loin d'être ensoleillées et porteuses d'avenir dans la région lémanique. Bien au contraire. Le franc fort - trop fort - rendait la situation de l'industrie de plus en plus difficile.

Les marges bénéficiaires, - et avec elles les marges de manœuvre des entreprises - diminuaient mois après mois. De sombres nuages s'amoncelaient sur la place industrielle suisse. L'avis de tempête valait en particulier pour la Suisse romande. Pas moins de trois entreprises historiques ont annoncé coup sur coup qu'ils doivent supprimer un total de 1000 postes de travail !

Vous pouvez vous l'imaginer, Mesdames et Messieurs: pour moi, en tant que ministre de l'économie, cela s'apparentait au film catastrophe. S'il y a une chose qui est absolument claire pour moi, c'est qu'un pays a besoin d'une industrie. Ce qui se produit dans une économie, - dans toute une société -, lorsque la part de l'industrie s'effrite et disparaît, nous pouvons l'observer dans de nombreux pays, que ce soit dans le voisinage proche ou plus éloigné.

Regardez ce qui se passe en France, regardez l'Angleterre ! Je me suis engagé parce que je veux éviter que la Suisse suive ce chemin. Je veux que tous les hommes et toutes les femmes de ce pays trouvent une place de travail qui corresponde à ses capacités et ses aptitudes.

Or, c'est seulement possible si notre économie couvre un vaste spectre d'activités, lorsqu'un secteur des services performant peut s'appuyer sur un secteur industriel dynamique et innovateur, capable d'offrir toute la palette des activités professionnelles. Nous savons tous et nous le savions déjà il y a deux ans : nous avons une industrie performante, nous avons le savoir et le savoir-faire, nous avons les capacités et - surtout - nous avons des hommes et des femmes, - les habitants de ce pays - qui permettent de réussir !

Mais nous avons aussi une monnaie qui limite notre capacité concurrentielle sur les marchés internationaux. Le problème était donc en premier lieu le fruit de circonstances extérieures, conjoncturelles, mais certainement pas de nature structurelle. Ce n'étaient pas les produits qui étaient mauvais, ni les modes de fabrication. Ce qui posait problème, c'était la force et l'attractivité de notre monnaie.

Il était absolument clair pour moi que l'Etat ne pouvait accepter cela avec indifférence. Il fallait activer les instruments utiles dont dispose la Confédération. Il s'agissait de les engager afin d'éviter une désindustrialisation de la Suisse et, - en particulier - , d'empêcher une désindustrialisation de la Suisse romande et de l'Arc lémanique.

Je ne veux pas détailler ici les mesures qui ont été prises. Mais nous pouvons constater avec joie et fierté que - grâce à l'action coordonnée des entrepreneurs, des partenaires sociaux et de l'Etat - cette perle industrielle sur les bords du Léman est prête à affronter l'avenir.

Ce qui me réjouit tout particulièrement, c'est que même dans les pires moments, Bobst n'a jamais renoncé d'offrir des places d'apprentissage à nos jeunes. Si je ne dois mentionner aujourd'hui qu'un chiffre, alors ma préférence va à celui-ci : sur les 1600 places de travail qu'offre Bobst ici à Mex, on compte 250 apprentis.

Bobst a le droit d'en être fier, L'entreprise rend ainsi quelque chose à la région qu'il est impossible de monnayer : elle offre du savoir à des jeunes qui sont l'avenir de l'industrie et, - par la même -, l'avenir de cette région !

Vous le savez, Mesdames et Messieurs,

Si nous voulons entretenir une offre de travail aussi substantielle que possible dans notre pays, cela passe nécessairement par une offre aussi large que possible de filières de formation, que ce soit dans le cadre académique ou dans la formation professionnelle duale. Notre industrie ne peut s'affirmer dans le peloton de tête mondial que si elle dispose des meilleurs - les meilleurs chercheurs, les meilleures ingénieurs et techniciens, les meilleurs travailleurs spécialisés.

Les meilleurs hommes et les meilleures femmes.

Cette combinaison de l'académique avec le monde du travail, cette collaboration étroite entre la tête et les mains est quasiment unique au monde. C'est ce qui a fait la force de notre industrie. Si nous parvenons à développer notre système de formation pour l'adapter aux défis de demain, je suis convaincu que nous pourrons défendre notre position parmi meilleures places industrielles et scientifiques du monde.

Mesdames, Messieurs,

Je suis particulièrement heureux d‘être parmi vous aujourd'hui, au moment d'inaugurer et de lancer les nouveaux batiments de Bobst. La direction et les actionnaires de Bobst démontrent ainsi qu'ils croient à l'avenir de la place industrielle et scientifique suisse. La décision d'extension reconnait ce principe industriel fondamental qui dit que la recherche, l'innovation et la production doivent rester étroitement liés.

Ils se renforcent mutuellement et forment ainsi cette unité qui, en dernière analyse, est la pierre de touche du succès de toute entreprise. C'est ici qu'on trouve les meilleures conditions pour réaliser cela , - juste derrière ces portes. A quelques jets de pierre d'ici se trouve l'EPFL, la seule haute-école technique non-américaine qui figure dans les vingt meilleures du monde. Elle occupe la 13e place. C'est seulement à la 23e place qu'on trouve un deuxième institut qui ne soit pas américain. Et à la 26e un troisième : l'ETHZ - le poly de Zurich.

Des possibilités de formation de tout premier ordre font partie, - avec d'autres facteurs comme une fiscalité équilibrée, d'excellentes infrastructures, la sécurité du droit et la qualité de vie - des conditions cadres essentielles de la réussite industrielle et entrepreneuriale.

En ce sens, la décision de Bobst d'investir et de développer son site est un compliment à l'adresse des condition cadres suisses qui se voient ainsi globalement salués en dépit du fait que les salaires dans notre pays sont clairement plus élevés qu'à l'étranger. Enfin, cette décision est une reconnaissance pour l'un des principes fondamentaux qui permet, génération après génération, de trouver des solutions équilibrées aux questions souvent complexes et délicates qui se posent à notre pays: le dialogue !

Le dialogue entre partenaires sociaux, le dialogue entre les entrepreneurs privés et l'administration publique, le dialogue entre l'économie et la politique. Ici, comme ailleurs, cette culture unique pour dégager des solutions a une nouvelle fois fait ses preuves.

Tous les interlocuteurs, - le canton, les travailleurs et les employeurs -. se sont mis en mouvement et ont contribué à une solution. Une solution qui est bien plus qu'un simple compromis. C'est une voie vers le futur. Certes, ce n'est pas gratuit. Le dialogue social est très vorace en énergie et temps. Mais il forme la base de solutions solides, durables et acceptables pour tous.

Pour cette raison, il convient de remercier chaleureusement tous ceux qui se sont remis en question et qui ont permis de dégager une solution qui montre la voie non seulement à la Suisse romande, mais à tout le pays.

Mesdames et Messieurs,

Le partenariat social a fait de la Suisse ce qu'elle est : une Suisse forte et généreuse. Nous devons y porter soin, nous devons le défendre coûte que coûte. Mais le partenariat social n'est qu'une des conditions cadres qui font le succès de notre économie. Un loi du travail véritablement libérale est tout aussi décisive que le partenariat social. Cette loi permet aux entrepreneurs de se mettre constamment au diapason du marché.

Nous ne devons pas restreindre sans nécessité la liberté sur notre marché du travail, voire l'anéantir. Pour cette raison, l'initiative 1 :12 des Jeunes socialistes n'est pas une bonne solution. Bien au contraire. Notons tout d'abord que c'est une réglementation qui serait très facile à contourner. Il suffirait par exemple d'outsourcer les activités les moins bien rémunérées. Mais au-delà de ces problèmes de détail, l'adoption de l'initiative 1 à 12 serait un signe qui irait globalement dans la mauvaise direction.

Il faut cependant le reconnaître : après l'adoption de l'initiative Minder par la majorité du peuple et des cantons, nous ne pouvons pas nous contenter de tourner la page. Il ne s'agit pas d'un simple accident de parcours. Poursuivre notre chemin en faisant mine de rien serait une grave erreur.

C'était un véritable signal d'alarme. Une grande partie du peuple a signifié ainsi que quelque chose ne tourne pas rond dans les relations entre le peuple, la politique et l'économie. Restaurer ces relations est indispensable si nous voulons poursuivre sur la voie du succès ces prochaines années.

La conclusion est donc très claire: il est absolument indispensable de remettre sur des bases saines et solides les relations entre le peuple et l'économie. Si nous n'y parvenons pas, la pression en faveur d'une réglementation par la politique ne peut que monter. Or, - et c'est une évidence -, cela mettrait justement en danger tout ce qui nous a rendus si forts.

Quand une entreprise aussi importante que Bobst démontre qu'elle souhaite rester et investir en Suisse romande comme elle le fait aujourd'hui, elle contribue aussi à restaurer cette confiance. C'est un signal sérieux, important et bienvenu. Ce qui est encore mieux, c'est que Bobst n'est pas la seule entreprise qui a choisi cette voie.

Comme vous le savez, j'arrive de Nyon. Novartis y a annoncé qu'elle va investir ces prochaines années 150 millions de francs dans le développement du site de production de Prangins. Novartis a aussi voté pour la place industrielle et scientifique suisse, revenant ainsi sur ses premières intentions. Novartis a aussi choisi la voie du dialogue avec la Confédération, les cantons et les partenaires sociaux.

Tout est bien qui finit bien : c'est à nouveau un succès.

C'est ainsi que je peux boucler la boucle revenir à ce que je disais au début de mon intervention: c'est une excellente journée.

Pour l'industrie et pour les hommes et les femmes qui vivent et travaillent en Suisse romande.

Seule la version orale fait foi !

Bobst SA : Mise en service de la nouvelle halle de production