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DiscorsoPubblicato il 13 maggio 2025

Iscrizione dei fondi Annemarie Schwarzenbach ed Ella Maillart nel registro «Memoria del mondo» dell’UNESCO

Berna, 13.05.2025 — Discorso della consigliera federale Elisabeth Baume-Schneider alla Biblioteca nazionale svizzera in occasione dell’iscrizione dei fondi Annemarie Schwarzenbach ed Ella Maillart nel registro «Memoria del mondo» dell’UNESCO. Fa stato la versione orale.

C’est avec honneur et bonheur que je participe aujourd’hui ici, à la Bibliothèque nationale, à cette soirée hommage à deux femmes d’exception, intellectuelles, étonnantes, emblématiques, en quête d’humanité et aux destinations courageuses. Toutes deux filles de bonnes familles, Annemarie Schwarzenbach et Ella Maillart ont été les témoins directs d'un monde en mutation. Équipées d'une machine à écrire, de deux appareils photo – un Leica et un Rolleiflex –, elles ont voyagé aux confins du monde afin de documenter ce qu'elles voyaient à travers la photographie, le cinéma et la littérature.

Avec l’inscription des fonds Annemarie Schwarzenbach et Ella Maillart au Registre international « Mémoire du monde » de l'UNESCO, nous célébrons deux esprits universels, deux femmes suisses courageuses et indépendantes, qui, en tant que pionnières dans le domaine du reportage et du carnet de voyage, nous ont permis d’ouvrir les portes de l’ailleurs, de nous faire rencontrer l’autre par substitution.

Mais au fond, pourquoi voyageons-nous, Mesdames et Messieurs ?

-     Pour échapper à la monotonie du quotidien ?
-     Par goût de l'aventure et de la liberté ?
-     Pour nous détendre, nous divertir ou nous cultiver et étudier ?
-     Pour découvrir de nouvelles cultures ou encore pour mieux nous comprendre nous-mêmes ?

Les raisons sont aussi variées que nous sommes humains.

Pour Annemarie Schwarzenbach et Ella Maillart, le voyage revêt une dimension presque existentielle. La Genevoise l’a dit : «C’était toujours moi-même que je trouvais au bout du voyage». Alors qu’Annemarie Schwarzenbach voyait dans le voyage «ein konzentriertes Abbild unserer Existenz».

Leur voyage le plus célèbre – en Afghanistan en 1939 – souligne de manière éclatante l’importance du Registre « Mémoire du monde » de l’UNESCO. Annemarie Schwarzenbach s’interrogeait alors : « Afghanistan, pays de liberté ? Pays d’aventure ? Pays romantique, pays d’avenir ?  » Les passages lus par Mesdames Fanny Wobmann et Meral Kureyshi nous semblent irréels aujourd’hui, trois ans après le retour au pouvoir des Talibans.

La réalité était alors tout autre. Il y a deux mois, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’UNESCO a appelé la communauté internationale à combattre les violations des droits des femmes dans ce même pays. Et sans le témoignage d’Annemarie Schwarzenbach et d’Ella Maillart, il nous manquerait plusieurs pièces importantes pour reconstituer le puzzle de la longue histoire de territoires convoités, menacés, déchirés déterminant l’évolution tourmentée de ce pays, de notre monde.

Les carnets de voyage des deux pionnières rappellent un passé marqué par une plus grande liberté, possible source d’inspiration pour l’Afghanistan d’aujourd’hui. Pour rappel : en septembre 1939, alors que la guerre fait irruption en Europe, les deux écrivaines sont probablement les premières femmes à parcourir la Route du Nord afghane dans leur célèbre Ford Deluxe aux plaques grisonnes.

Faisant fi des oppositions et des préjugés – souvent le fait d’hommes européens – elles prennent des clichés saisissants, écrivent des dizaines de reportages et de textes poétiques, et font – où qu’elles aillent – l’expérience magnifique de l’hospitalité. Leur travail rencontre un large écho dans le monde entier.

Sa portée est universelle ; leur œuvre, intemporelle.

Les fonds Annemarie Schwarzenbach et Ella Maillart font l’objet d’innombrables publications, traductions et expositions ; la dernière en date « Swiss Traces in Ankara through the Lens of Schwarzenbach » vient d’ailleurs d’ouvrir ses portes à l’occasion du centenaire de l’amitié helvético-turque.

La communauté internationale et l’amitié par-delà les frontières sont aussi au cœur de l’engagement de l’UNESCO et du registre « Mémoire du monde », créé en 1992 à la suite du bombardement de la Bibliothèque nationale de Sarajevo. Il a fallu la perte désolante de manuscrits du Moyen-Âge et d’un million et demi de livres pour rappeler l’importance d’un engagement universel en faveur du patrimoine documentaire de l’humanité.

Grâce à cette Mémoire, la communauté scientifique peut aujourd’hui faire renaître ce qu’on croyait perdu, à l’image de ce temple détruit par Daech à Mossoul et qu’un archéologue a pu reconstruire virtuellement grâce aux photographies d’Annemarie Schwarzenbach. Les statues de Bouddha détruites à l’explosif à Bamyan en 2001 par les Talibans ont d’ailleurs aussi été photographiées par les deux écrivaines.

Le rapprochement des peuples, Mesdames, Messieurs, fait d’ailleurs partie intrinsèque de l’œuvre d’Ella Maillart. Dans Le sens du voyage, elle écrit : « Mais j’ai souvent pensé qu’une des raisons principales du voyage est de développer en nous le sens de cette solidarité, de cette unité sans laquelle notre monde moderne aura de la peine à vivre. » Tout est dit, ou presque.

Pour conclure, permettez-moi encore de remercier chaleureusement la Bibliothèque nationale suisse – en particulier les Archives littéraires suisses –, la Bibliothèque de Genève et Photo Elysée qui ont porté avec succès cette candidature. C’est l’engagement généreux de toutes vos équipes qui nous permet de préserver et de promouvoir ce patrimoine inestimable.

Wir haben das Glück, in Archiven, Bibliotheken und Ausstellungen die Reisen von Ella Maillart und Annemarie Schwarzenbach in äussere und innere Landschaften nochmals miterleben zu können.

Damit verbunden ist unsere Verpflichtung, zu ihrem künstlerischen Erbe Sorge zu tragen. Denn ihre Einblicke und Eindrücke betreffen uns heute, und sie werden es auch morgen noch tun. Insofern sind wir mit der Auszeichnung der UNESCO keinesfalls «Am Ende aller Wege» angelangt.

Wir halten es mit Annemarie Schwarzenbach, die einmal treffend gesagt hat: «Alle Wege stehen offen».