«Un appel pour s’engager davantage et une chance pour sauver davantage de vies» (fr/en)

Bern, 15.10.2015 - Genf, 15.10.2015 - Ansprache von Bundesrat Didier Burkhalter anlässlich des Treffens der internationalen Gemeinschaft in Genf zur Vorbereitung des Weltgipfels für humanitäre Hilfe, globale Konsultation - Es gilt das gesprochene Wort

Monsieur le Vice-Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs, et chers amis du monde entier,

Bienvenue en Suisse et à Genève ! Bienvenue dans un pays et une cité qui aiment accueillir l’humanitaire et les droits de l’homme, la paix et la sécurité.

Vous êtes venus, parfois de très loin, parce que nous nous posons tous une question et que nous voulons y répondre ensemble: que faire pour combattre plus efficacement les souffrances qu’endurent les personnes touchées par les conflits et les catastrophes naturelles? 

Dans les conflits armés, des enfants sont tués, estropiés, torturés, ou perdent leurs parents. Leurs maisons sont bombardées, leurs écoles détruites. Ils sont obligés de fuir, avec ou sans leurs parents, de vivre dans des camps ou dans la rue.

Quel que soit le lieu où vous vivez aujourd’hui, il y a toujours, quelque part dans le monde, une crise qui vous touche au cœur. Même en Suisse, un pays qui n’a pourtant pas connu de guerre sur son territoire depuis longtemps, il ne se passe pas un jour sans que les conséquences de conflits ne se rappellent à nous ; au travers des appels à l’aide sur place ou au travers de personnes qui ont dû fuir leur foyer à la recherche de protection.

Il ne sert à rien de réagir à ces tragédies par la colère et la tristesse ; il faut réagir, ensemble, en réaffirmant les valeurs d’humanité et en agissant concrètement pour ceux qui souffrent. Le Sommet humanitaire mondial est une chance pour cela, pour sauver davantage de vies, pour mieux prévenir et réduire les souffrances…

Et les souffrances ont toujours un visage. Ce visage, derrière moi, c’est celui de Dalia. C’était un 9 août et elle a 9 ans ; mais son visage n’est plus neuf. Il porte les marques de la guerre et il parle au monde. Ce regard d’un instant, à la fois sombre et lumineux, qui nous interroge, a été choisi dans le cadre du concours organisé par le Secrétariat du Sommet humanitaire mondial pendant les consultations régionales. Ce regard et cette jeune fille portent un cri silencieux : celui de la quête vers plus d’humanité.

L’engagement de la Suisse

Pour répondre à ce cri silencieux, nous devons agir ensemble. Prise individuellement, notre contribution est modeste ; mais ensemble, nous pouvons faire une différence. La différence entre la dignité et les blessures, la différence entre un visage souriant et un visage meurtri.

Mon pays, la Suisse, veut  participer activement à cet effort et parfois montrer la voie qui nous paraît juste. Nous avons soutenu avec conviction l’idée d’un Sommet humanitaire mondial, dès son lancement en 2013 ; nous nous sommes engagés dans les préparatifs avec la même conviction.

Et là, les cris n’ont pas été silencieux : des milliers de voix et de témoignages ont mis en évidence la nécessité d’un tel sommet ; et l’ampleur des défis:

• D’abord, les conflits armés, qui ont entraîné le déplacement forcé de près de 60 millions de personnes – des chiffres jamais atteints depuis la Seconde Guerre mondiale. Ce chiffre a doublé en seulement trois ans.

• Ensuite, les besoins humanitaires, qui sont bien supérieurs aux moyens disponibles. Les communautés d’accueil ne savent plus comment faire face. Les organisations humanitaires n’ont pas les ressources suffisantes, subissent des attaques, et souvent n’arrivent pas à accéder aux personnes en détresse.

• Enfin, les nouveaux risques qui se dessinent. L’augmentation du niveau des mers, les pluies torrentielles, les séismes inattendus peuvent causer des dommages considérables aux populations et aux villes qui ne cessent de grandir.

Notre conférence marque la fin d’un vaste processus fait de débats, d’écoute et d’échanges. La Suisse est heureuse d’accueillir cette consultation globale. Genève est le berceau de la Croix-Rouge internationale et du mouvement du Croissant-Rouge ; capitale de l’humanitaire. Cette cité est un endroit idéal pour un nouvel appel à l’action, pour un appel à s’engager davantage, à réformer l’action humanitaire.

Le monde n’en est pas à son premier sommet. Mais si nous voulons réellement que le monde atteigne un sommet l’an prochain à Istanbul, alors il nous faut, tous ensemble, démontrer notre capacité et notre volonté à faire trois grands efforts :

• l’effort de respecter le droit humanitaire international, les droits de l’homme et le droit des réfugiés ;

• l’effort de mettre les êtres humains et leur dignité au cœur de l’action humanitaire ;

• l’effort de s’attaquer aux causes des conflits et des crises.

Respect des valeurs humaines – respect du droit

Cette volonté pour l’humanité n’est pas nouvelle. En 1859, quand Henry Dunant fut témoin de l’horreur des champs de bataille autour de Solferino, il ressentit précisément cette volonté-là. Face aux atrocités, il eut une vision: celle de créer des sociétés de secours dans tous les pays, des sociétés fondées sur les principes de neutralité et d’action volontaire pour venir en aide aux blessés en temps de guerre.

Il posa les premières pierres des Conventions de Genève et du mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Même volonté il y a 70 ans, pour fonder les Nations Unies, autour d’une autre vision : plus jamais une guerre mondiale… Et de créer un nouveau système de sécurité collective, avec la dignité de la personne humaine au cœur de l’action.

La réalité est bien différente de la vision. Les conflits armés actuels montrent que ce combat pour la paix et la sécurité est loin d’être gagné.

À Solferino, les victimes étaient des soldats en uniformes se battant entre eux. Aujourd’hui, sur les champs de batailles en Syrie, au Sud Soudan ou en Ukraine, la vaste majorité des victimes sont des civils, dont la moitié des enfants et des adolescents. 

Les Conventions de Genève sont universellement ratifiées. Mais ces principes universels et établis de longue date sont souvent bafoués. Les organisations humanitaires sont souvent empêchées d’accéder aux populations ou entravées par des parties au conflit et des restrictions gouvernementales. Les travailleurs humanitaires s’exposent à des risques de plus en plus grands, comme en témoigne la tragédie de l’hôpital de Médecins sans frontières à Kunduz.

Rien que l’an passé, 155 travailleurs humanitaires ont perdu leur vie pendant des missions en Afghanistan, en Syrie, au Soudan du Sud, au Pakistan et au Soudan ; une vie pourtant consacrée à aider… Les membres des équipes humanitaires ont dorénavant plus de risques d’être tués que ceux de bien des forces armées.

Alors mon pays, la Suisse, estime qu’il faut appeler et rappeler sans cesse ce qui doit devenir une évidence : le respect du droit international humanitaire. Toutes les parties au conflit doivent respecter le droit international humanitaire. En tout temps, toutes les personnes qui ne participent pas ou plus aux hostilités ainsi que les structures et le personnel médical doivent être respectés et protégés.

Renforcer le respect du droit international humanitaire est un défi de chaque instant et de chaque Etat. C’est précisément pour cela que la Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a invité le CICR et la Suisse, en décembre 2011, à consulter les Etats sur les moyens de renforcer le dialogue en la matière. Ces consultations, ouvertes à tous, ont fait émerger un point essentiel : il manque, dans notre monde, un forum institutionnel pour le droit international humanitaire.

Les Conventions de Genève, universelles, manquent d’un endroit où les Etats peuvent discuter régulièrement de l’application et dur respect du droit international humanitaire.

Nous avons consulté pendant quatre ans maintenant  et une large majorité d’Etats, de différentes régions, s’est prononcée en faveur de l’établissement d’une réunion régulière des Etats sur le droit international humanitaire. En décembre prochain, nous pouvons, ensemble, lors de la prochaine Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, de faire ce pas : un petit pas pour chaque nation, mais un grand pas pour l’humanité.

Lors du Sommet humanitaire mondial, afin d’assurer un climat propice au respect du droit international humanitaire et afin de protéger les populations civiles, nous devons aussi responsabiliser ceux qui agissent au mépris des normes élémentaires de l'humanité. Le Sommet doit également permettre de réitérer que la justice et l'action humanitaire se renforcent mutuellement. La communauté internationale doit mieux suivre les violations graves du droit et intensifier ses efforts en vue de prévenir les atrocités.

Nous sommes là pour préparer un Sommet pour l’an prochain. Mais franchement, nous savons tous que nous ne pouvons pas attendre le Sommet. L’hiver approche au Moyen-Orient, des sécheresses menacent en Afrique, et les appels de fonds humanitaires des Nations Unies ne sont même pas couverts à moitié pour cette année. Le CICR fait également face à des défis financiers importants.

La Suisse s’acquitte de sa part, et a récemment augmenté son budget humanitaire annuel à plus de 500 millions de dollars. Il y a quelques semaines, le gouvernement suisse a en outre décidé de verser 72 millions de dollars supplémentaires pour aider les victimes des crises syrienne et irakienne et les personnes en détresse dans la Grande Corne de l’Afrique. Nous encourageons tous les Etats à accroître rapidement leurs contributions humanitaires. C’est tout simplement nécessaire et urgent.

Put people and their dignity at the heart of humanitarian action

Ladies and gentlemen,

The affected people need to be placed at the heart of humanitarian action – no other message resounded so clearly from the WHS consultations. Humanitarian action is about children, men and women. Victims, refugees, and displaced people are people like you and I. They have their individual needs, wishes and dreams. We should listen to their voices and their choices.

This sounds very obvious, but is not. Only too often, charitable organisations are patronising beneficiaries. Only too often, humanitarians decide for and not with people in need. So what needs to be done?
 
We need to give people a voice and give them a choice. One example, to illustrate what that means:

Humanitarian organizations have to become more responsive and accountable towards affected populations. In this context, Switzerland was the first country to support “Ground Truth”.

This organization uses modern IT technology to find out how affected people experience humanitarian action and how humanitarian efforts can be improved based on their feedback. This approach proved to be valuable during the recent Ebola crisis in West Africa. Once that affected communities and first responders understood what they had to do to remain safe and to better help, the tide began to turn against Ebola.

Women and girls, people of different ability and age, have to be given a voice and be made equal partners in humanitarian action. Women’s right to services and protection, in particular from gender-based violence, have to be upheld at all times. Gender equality programming in humanitarian action is not only a matter of principle but also of saving lives.

While fully supporting the shift of responsibility to local and national actors in disaster situations, we need to recognize that in times of armed conflict, local actors may have less autonomy to protect people as they may themselves be implicated in the conflict or be seen as partisans. In such circumstances, impartial humanitarian action is necessary.
No refugee wants to stay a refugee; no survivor of sexual violence wants to be a victim of rape; and every child prevented from going to school wants to return to the classroom as quickly as possible. Affected people are strong and resilient. Life has made them strong. Like the young Dalia, they want to return to a normal life.

Give people a better future

Even if it is well intended, humanitarian action cannot be the long-term solution for people in need. There are no humanitarian answers to political problems. Nor must humanitarian action be a substitute for political action. The World Humanitarian Summit must therefore create additional political will and backing to tackle the root causes of humanitarian needs.

Bad governance, unsustainable development, injustice, conflict and poverty are often interrelated drivers of the large crises we are witnessing today.

The recently adopted Agenda 2030 is a historic pledge to end poverty and put the planet on a path of peace and sustainable development. Above all it pledges to leave no one behind.

Only peace will stop people’s suffering and keep them from fleeing. Next year in Istanbul, we must commit to intensify our efforts to stop the war, to end armed conflicts, including in and around Syria.

Switzerland is convinced that more has to be done to mediate and find political solutions to conflicts. The conflict in Ukraine is a case in point. Despite extreme tensions and almost unsurmountable problems, there is no alternative to a political solution. Similarly, from the start, Switzerland has vigorously supported the UN in finding peace to the Syrian tragedy.

While political solutions are urgently needed, the sad reality is that millions of people who have been forced to flee their homes are unable to return. Sometimes for years, and sometimes for decades. Here, development partners are already joining forces with the humanitarian community to find long-lasting solutions, but much more must be done.

Concentrating our efforts on humanitarian action and reconstruction is not a viable strategy in the light of human kind’s growing exposure to the consequences of poor land use planning and climate change.

This is why Switzerland, together with Norway, has launched the Nansen Initiative, which developed a protection agenda for cross-border displacement and which has been endorsed by the participating Member States at the beginning of the week, also here in Geneva. Flood risk management at home and many disaster risk reduction projects abroad have shown us that preventive measures are much more effective than responding to disasters.

The Word Humanitarian Summit must call for a quick implementation of the Sendai Framework for more investment in the resilience of affected communities.

Ladies and gentlemen,

Finally, I want to say thank you and to make a wish.

Thank you to Jemilah Mahmood and her team, who ran this extensive consultation with tenacity and skill.
Thank you to the United Nations, represented by Mr Eliasson and Mr O'Brien, and to the Turkish government for its commitment to this process in the lead-up to Istanbul.

My wish is for a world that has a better understanding of why it needs peace and security, and that pays more attention to the unheard cries of the young Dalias around the globe.

I ask you to use the power of reason and listen to your hearts to strive for such a world.


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