« Financer le développement durable : le monde de demain dépend de notre capacité d’agir ensemble aujourd’hui »

Berne, 13.10.2014 - Genève, 13.10.2014 - Discours de M. Didier Burkhalter, Président de la Confédération et Chef du Département fédéral des affaires étrangères, à l'occasion de la Cérémonie d'ouverture du World Investment Forum de la CNUCED - Seul le texte prononcé fait foi

Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Le gouvernement suisse veut préparer un monde durablement meilleur, pour la jeunesse de la terre qui ne demande qu’à embrasser l’avenir avec toute son énergie, son cœur et son talent.

Ensemble, nous pouvons réussir à construire ce monde!

C’est le message de la Suisse et de Genève. Une ville dans laquelle nous sommes heureux de vous accueillir. Genève qui a vu naître, il y a 50 ans, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), une organisation que la Suisse est heureuse d‘héberger depuis.

Genève est une partie de la solution. Elle nous offre des clés :

Genève, c’est un esprit : celui de mettre les acteurs autour d’une table pour échanger, s’écouter, négocier, construire l’avenir ensemble.

- Genève, c’est des compétences, innombrables, en provenance du monde entier à travers toutes les organisations, les Etats, les ONG, les acteurs politiques, diplomatiques, scientifiques, académiques, financiers, économiques, sociaux, culturels présents ici.

- Enfin Genève, c’est un lieu de paix et de dialogue : un lieu qui semble conçu, depuis 150 ans, pour favoriser la compréhension entre les peuples, les droits de l’homme, le commerce, le travail, l’environnement, la santé. Un lieu pour réussir ensemble.

Au fond si Genève n’existait pas, il faudrait l’inventer ! Par chance Genève existe. C’est La volonté forte du gouvernement suisse que Genève reste demain un lieu utile pour l’humanité, un lieu qui aide à transformer les défis en opportunités. La Suisse s’engage donc pour rénover les bâtiments – dont ce Palais des Nations - et mettre d’avantage en réseau toutes les compétences réunies ici. Afin d’être encore plus innovant et encore plus efficace au service des peuples, au service des hommes, des femmes, des enfants de notre terre qui attendent des solutions pour un monde meilleur dans cette aventure commune qu’est notre avenir.

Réussir ensemble c’est la clé de Genève et ce sera la clé de notre succès dans le développement durable. Pour y parvenir, il faut en effet une collaboration à la fois internationale et transdisciplinaire.

Réussir ensemble, c’est le but du Forum mondial de l’investissement qui rassemble les représentants du secteur public, du secteur privé et de la société civile pour dialoguer et construire des solutions innovantes. Le gouvernement suisse soutient cette approche, la seule qui mène au succès.

Mesdames et Messieurs,

Les objectifs du développement durable – l’agenda post-2015 – représentent un rendez-vous essentiel pour l’humanité. L’agenda post-2015 est une clé pour mieux maîtriser le destin de notre planète et de ses générations d’habitants. Pour faire rimer vraiment humanité avec prospérité, sécurité et liberté.

Si les Nations sont réellement unies au service des peuples, nous pouvons faire en sorte que plus personne dans le monde ne vive à l’avenir dénué de tout. Nous pouvons faire en sorte que la création d’emploi et de richesse, et donc les entreprises, développent les Droits de l’homme et respectent les ressources limitées de notre terre.

Le gouvernement suisse est déterminé dans son soutien à la définition de ces objectifs post-2015. Il estime qu’il doit y avoir un seul agenda de développement durable universel.

Il s’engage sur la question de l’eau en particulier, un des défis essentiels de notre monde dans la prochaine décennie. La Suisse s’engage fortement pour que cette question soit couverte par un objectif indépendant (stand-alone goal). Elle veut un monde dans lequel l’eau soit synonyme de sécurité, pas de danger – humain ou naturel. The swiss Governement wants a water-secure world for everyone !

La Suisse s’engage aussi pour des objectifs indépendants (stand-alone goals) notamment pour une meilleure santé pour tous à tous les âges et pour la paix et la sécurité, en particulier dans le contexte des Etats et régions fragiles.

Les objectifs sont clairs. Ils doivent être communs – nous devons donc poursuivre le processus pour les préciser ensemble d’ici le sommet de New York en septembre 2015 - ils devront être mesurables. Mais surtout ils ne doivent pas rester de papier : il est essentiel qu’ils se transforment en actes, que nous nous engagions ensemble pour qu’on les atteigne vraiment.

Le monde de demain dépend de notre capacité d’agir ensemble aujourd’hui. Pour cela nous devons conjuguer nos efforts et développer un cadre – au plan national et international - à la fois ambitieux et réaliste, dans lequel non seulement l’action des Etats mais également l'investissement privé sera incité et invité à soutenir le développement durable.

Quelle que soit leur volonté, les Etats ne pourront atteindre seuls les buts du développement durable. Pour réussir il faut agir ensemble et utiliser le puissant levier du marché, de l’investissement privé. Oui c’est ensemble que nous réussirons.

Le marché n’attend d’ailleurs pas les discussions des Etats, qui parfois prennent du temps. La transition a déjà été amorcée dans le secteur privé. En Suisse et dans le monde, de nombreuses entreprises ont saisi leur responsabilité. Le nombre de signataires des Principes des Nations Unies pour l’investissement responsable augmente régulièrement. Mais il reste encore insuffisant à l’échelle mondiale. Il ne faut donc pas relâcher l’effort et il faut aller plus loin.

La Suisse se réjouit aussi d’observer la croissance fulgurante du marché des obligations vertes – ‘Green Bonds’ – et la popularité grandissante des investissements qui génèrent des impacts socio-environnementaux positifs - « impact investing ».

La Suisse tient à saluer le rôle et l’engagement sans relâche du Secrétaire général M. Ban Ki-moon afin que les Nations soient unies dans leur décision et leur détermination en faveur des objectifs post-2015. Avec lui, la Suisse veut que ce processus soit un succès pour tous, porté par tous.

Il nous faut un «business plan» solide et réaliste pour un financement à la fois efficient et équitable du développement durable. Le dernier rapport de la CNUCED l’a montré et il a dessiné un plan d’action qui offre des pistes prometteuses et souligne l’importance d’innover. Innover au plan des instruments financiers et de la gestion des affaires - par exemple en intégrant la durabilité dans les rapports d’activités des entreprises (« sustainability reporting ») – innover aussi pour favoriser la complémentarité entre investissements publics et privés.

Mesdames et Messieurs,

La Suisse veut contribuer à cette réussite. Elle est un des pays les plus intégrés dans l’économie globale et elle sait que, pour rester compétitive sur le long-terme, une économie doit innover et « penser durable ». Agir est donc à la fois notre responsabilité et notre intérêt. La Suisse s’engage donc.

Je suis convaincu que les entreprises suisses, très innovantes, sauront rester aux avant-postes de la transition mondiale vers une économie plus performante, plus verte et plus inclusive.

La Suisse a déjà agi et continuera de s’engager dans différents domaines :

La formation est une clé, pour renforcer les compétences dans le domaine du financement durable. La Suisse est active à travers les nombreuses initiatives à succès de l’association « Sustainable Finance Geneva ».

Dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation la Suisse a eu l’honneur de piloter le processus qui aboutira - après-demain à Rome – à l’adoption des Principes pour un investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires. Cet instrument est prometteur. Il permet de tenir compte des petits producteurs et de contribuer à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté tout en assurant un développement économique qui préserve les ressources. Ces Principes ont été développés dans l’esprit de Genève : un processus participatif qui a intégré de bout en bout le secteur privé et la société civile. Un succès par tous et pour tous.

Dans le domaine de la finance durable, la Suisse compte plus de 200 organisations actives qui peuvent s’appuyer sur un savoir-faire et une capacité d’innovation parmi les meilleures au monde. C’est en Suisse qu’est né le premier indice boursier de durabilité – Dow Jones Sustainability Index. Et c’est une banque privée suisse qui a créé en 2000 un fonds thématique sur l’eau qui a démontré, par ses performances, qu'il est possible de concilier rendements financiers et développement durable.

La création, cette année, d’une nouvelle association faîtière: Swiss Sustainable Finance permettra d’encore mieux rassembler les compétences des acteurs de la finance, du monde académique, des ONG et de l’administration publique. Elle sera un cadre pour réussir ensemble, en ouvrant la voie à une plus grande mobilisation du capital, à la fois public et privé.

Genève réunit de nombreux acteurs à la fois de la finance et de l’économie verte. La mise en commun de leurs compétences a favorisé l’éclosion de nombreuses initiatives de portée mondiale. Ainsi grâce à une collaboration inédite entre plusieurs acteurs, dont la CNUCED, le premier fonds d’investissement commercial dédié à la micro-finance a pu voir le jour. 30% de la somme mondiale des fonds de micro-finance est aujourd’hui gérée en Suisse dans un marché qui ne cesse de croître .

Ces exemples soulignent la volonté et l’engagement de la Suisse, à la fois de ses autorités et de ses entreprises. Ils montrent aussi combien il est nécessaire et utile de s’appuyer sur le puissant bras du marché pour atteindre nos objectifs. Ils soulignent enfin qu’investissement et durabilité peuvent – et doivent - aller de pair. Ce sera la clé pour réussir ensemble.

Mesdames et Messieurs,

Ce Forum est un moment important pour réussir notre pari au service de l’humanité et de la jeunesse de la terre –et le tout récent prix Nobel de la Paix 2014 nous rappelle à quel point le cœur de l’action des Etats et des individus, de chacun d’entre nous, c’est de travailler avec la jeunesse, par la jeunesse et pour la jeunesse, afin de lui léguer demain un monde meilleur.


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